41 000 camions surchargés épinglés en six ans
Par Stéphanie Mac Farlane
À l’aube du dégel printanier, durant lequel les routes sont les plus vulnérables, des camionneurs de Beloeil et de Mont-Saint-Hilaire sont épinglés chaque année avec des camions surchargés, qui dégradent prématurément les routes.
Des statistiques obtenues par TC Media, via la Loi sur l’accès à l’information, révèlent en effet que des milliers de camionneurs sont arrêtés pour cette raison tous les ans dans la province.
Pas moins de 197 167 amendes ont été délivrées par les constables du Contrôle routier du Québec entre le 1er janvier 2008 et le 13 décembre 2013. De ce nombre, près de 21 % des contraventions, soit 40 609 constats, concernent directement les surcharges (axiales et totales).
Du côté de Beloeil, 20 constats pour surcharges axiales et 15 pour surcharges totales ont été remis. À Mont-Saint-Hilaire, ce sont respectivement 16 et 32 constats qui ont été remis.
Bon an, mal an, entre 6000 et 8000 constats d’infraction sont émis à des camionneurs « délinquants » au Québec en matière de surcharge, révèlent les données obtenues par TC Media.
Selon le Guide des normes de charges et dimensions des véhicules routiers, produit par le ministère des Transports du Québec (MTQ), la charge maximale permise pour les véhicules lourds varie selon différents critères, dont la capacité des pneus et le type d’essieux.
À titre d’exemple, la charge maximale autorisée par catégorie d’essieux peut varier de 9000 kg à 34 000 kg en temps normal. Si les routes sont conçues pour supporter ces charges, l’effet de la surcharge, lui, peut être dévastateur pour le bitume.
« C’est une relation exponentielle entre la charge et le dommage de la chaussée. Sur un essieu simple, la charge légale est 10 000 kilos. Quelqu’un qui aurait 2000 kilos en surcharge, donc 20 % en surcharge, causerait deux fois plus de dommages », explique Guy Doré, ingénieur et professeur au département de génie civil à l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche industrielle du CRSNG sur l’interaction charges lourdes, climat et chaussées.
C’est d'ailleurs pourquoi les autorités sont sévères quant à l’application des règlements. « Ça (les surcharges) se traduit directement par une réduction de la durée de vie de la route. Si tous les véhicules lourds étaient à 20 % de surcharge, ça voudrait dire que la route durerait deux fois moins longtemps », poursuit Guy Doré.
Des surcharges à la tonne
Afin de préserver l'état de la route au moment où elle est la plus vulnérable, le MTQ limite les charges permises dès la venue du printemps.
« L’idée de la règlementation au dégel, c’est de maintenir, de façon idéale, l’endommagement constant, c’est-à-dire qu’on réduit la charge parce que la route est plus sensible pendant le dégel », note M. Doré.
Lors de la période de dégel, qui s’échelonne généralement de la mi-mars à la mi-mai, les restrictions varient de 12 à 20 % de la charge, selon le type d’essieux et la configuration du véhicule.
« Chaque année, les contrôleurs routiers constatent que le pourcentage de véhicules non conformes quant à la charge est quatre fois plus élevé pendant les trois premières semaines du dégel comparativement à toute autre période de l’année », lit-on dans un dépliant d’information publié par le MTQ.
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