Musées en survie
Par Fadwa Lapierre
La situation des musées québécois est précaire et la Montérégie n’échappe pas au manque de financement. Pour les acteurs des institutions muséales, c'est un poids quotidien.
« On fait des miracles avec notre service éducatif, comme lors de la dernière exposition de Borduas ou encore celle d’Ozias Leduc l’an prochain, dit Marie-André Leclerc, directrice générale du Musée des beaux-arts de Mont-Saint-Hilaire (MBAMSH). On est content parce que ça fait partie de notre mission, mais ça demande beaucoup d’implication, d’investissement et de temps, avec peu de ressources. Il faut avoir le feu sacré. »
Le MBAMSH fait partie de la coalition des musées reconnus-non soutenus par le ministère de la Culture et des Communications (MCC), et ne reçoit donc pas de subvention pour ses frais de fonctionnement. Le groupe fait des représentations au MCC pour les sensibiliser à leur situation.
Avec le budget et l’horaire restreint des gens, les musées deviennent en compétition avec toutes les offres culturelles et même les activités de loisirs. Malgré tout, plus d’un million de personnes ont visité un musée en Montérégie l’an dernier.
Alessandro Cassa, directeur de Montmusée, le réseau des musées de la Montérégie, salue le travail de ses membres. « Ce sont des petites équipes de quatre, cinq personnes qui conservent le patrimoine québécois. Elles ont beaucoup de pression sur les épaules! Elles doivent offrir une expérience de qualité. Il faut sensibiliser le milieu des affaires pour qu’ils contribuent et le public pour qu’ils découvrent les institutions qui sont de plus en plus innovantes. »
M. Cassa craint que l’ingéniosité des musées leur nuise, en permettant une dégradation du support de l’État. Il rappelle que lorsque les institutions réfléchissent à leur survie, ces dernières ne développent pas leurs collections, une grande lacune dans la préservation du patrimoine, selon lui.
Compétition inégale
La Maison amérindienne de Mont-Saint-Hilaire est préoccupée par le grand roulement de son personnel. « Nos employés ont des maîtrises et un potentiel incroyable, mais nous ne pouvons pas ''accoter'' les conditions des grands musées, explique la directrice générale, Chantal Millette. C’est un handicap pour la région de perdre des employés qualifiés. Sans parler des emplois de réinsertion sociale qui requiert de la formation et un encadrement. La logistique des ressources humaines est difficile. »
La Maison amérindienne ne reçoit pas d'aide pour son fonctionnement. L'établissent souhaite un meilleur soutien pour être reconnu comme acteur du milieu touristique qui crée de l’achalandage dans la région.
Marie-Andrée Leclerc espère une répartition plus équitable des subventions par région. Elle déplore que la Montérégie soit la région la moins soutenue en culture « per capita ». « On doit reconnaître l’importance de notre rôle dans la société, pas seulement aujourd’hui, mais pour les générations à venir. On conserve la mémoire, ce n’est pas juste une affaire touristique ou mercantile. C’est un grand mandat qu’on ne peut pas faire sans soutien. »
Pour Alexandre Cassas, la solution réside dans la diversification des revenus autonomes (visites scolaires, camps de jour, soirées privées, conférences), que le MBAMSH et la Maison amérindienne appliquent déjà, ainsi que l’implication de mécénat d’affaires.
Le rapport Corbo, récemment déposé par le groupe de travail sur l'avenir du réseau muséal, propose en 2014 une augmentation du financement de 2,1 M$ pour rattraper. Le ministère étudie la question.
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