Combattre le cancer avec sa plume
Par Fadwa Lapierre
Atteint d’un fulgurant cancer colorectal et de métastases au foie, Richard Émond s’est trouvé face à un sombre diagnostic, il y a dix ans. Son médecin lui suggérait fortement de profiter des prochains mois pour réaliser ses rêves, avant de se retrouver en soins palliatifs. Son aventure médicale l’a inspiré à prendre la plume.
Celui à qui on donnait un an à vivre a ainsi écrit son premier roman, intitulé Traitement de faveur. « Je tournais en rond chez moi. Mon fils de 10 ans, adepte d'Harry Potter, m’a suggéré d’écrire un livre d’espionnage avec un héros aux super pouvoirs. Je trouvais l’idée folle, je n’avais jamais rien écrit sauf un mémoire de maîtrise et des lettres. J’étais en colère de quitter mes enfants, alors je voulais leur laisser un héritage. »
Son thriller a pris forme rapidement. Souffrant d’un cancer, Billy Boost se voit offrir un traitement de faveur. En raison de son jeune âge et de son excellente forme physique, certains scientifiques et médecins s’intéressent à lui pour valider les résultats de leurs recherches secrètes. Billy recouvrera la santé, mais à quel prix?
« La maladie est une épreuve cruelle qui prend beaucoup de place dans notre vie. Par l’écriture, j’ai vécu une vie parallèle, une évasion en toute sérénité. Mes personnages me rendaient plus optimiste! C’était ma thérapie », indique l’auteur de Mont-Saint-Hilaire.
Par l’écriture, j’ai vécu une vie parallèle, une évasion en toute sérénité Richard Émond
Le contact avec le milieu hospitalier a nourri son imaginaire. Richard Émond s’est découvert un côté fantaisiste et s'est naturellement dirigé vers le suspense. « J’aime le style qui nous tient sur le bout de notre chaise. Quand j’écris, je vois le développement comme dans un film, dans l’action, l’énergie et la curiosité. »
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Considéré comme un miraculé de la médecine, Richard Émond a finalement déjoué le fatal pronostic.
« J’ai toujours gardé espoir. J’ai été très chanceux, j’ai bien réagi aux traitements de chimiothérapie, de radiothérapie et à la chirurgie. J’ai été choyé, j’ai senti du respect et de la compassion des professionnels de la santé. J’ai perçu qu’ils voulaient que je m’en sorte. Ils m’ont sauvé la vie! »
Son expérience l’a amené à donner de nombreuses conférences sur la résilience et l’urgence de vivre. Il collaborera d’ailleurs au nouveau plan de la Direction québécoise de cancérologie comme représentant des patients.
« Comme survivant du cancer, nous avons un sentiment de culpabilité. Autant au diagnostic, on se dit pourquoi moi, après on a tellement vu de gens partir autour de nous qu’on ressent une dette d’avoir passé à travers. Je vais donner tout ce qui est à mon pouvoir pour aider. »
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