Yves Lessard ne lance pas la serviette
Par Maxime Labrie
Évidemment, la défaite est difficile à avaler. Surtout après avoir été député pendant 2499 jours. Mais il n'est pas question de lancer la serviette. Même qu'on le reverra aux prochaines élections fédérales, dans quatre ans.
Élu député de Chambly-Borduas pour la première fois en 2004, réélu deux fois par la suite, le bloquiste Yves Lessard a perdu son poste le 2 mai aux mains du jeune candidat du Nouveau parti démocratique Matthew Dubé, 22 ans. Il été devancé par un peu plus de 10 000 votes au fil d'arrivée. Serein, M. Lessard respecte la décision des électeurs et donnera toute la latitude qu'il faut à son successeur pour lui permettre de bien faire son travail.
« Oui, je vais me représenter, mais je n'ai pas l'intention d'agir comme belle-mère, dit-il. Non, je n'ai pas de conseils à donner à M. Dubé. Il a sa plateforme électorale. J'ai par contre l'intention d'exprimer mon opinion sur les politiques qui auront une incidence sur notre comté. »
Bien qu'il ait été député de Chambly-Borduas durant près de sept ans et conseiller municipal à Saint-Basile-le-Grand de 2001 à 2004, Yves Lessard se considère « assez nouveau en politique ». Son explication sur les résultats du dernier scrutin, au terme duquel 58 candidats néo-démocrates ont été élus au Québec, dont plusieurs néophytes en politique, reste sommaire.
« Je ne sais pas si ça arrive souvent, mais les candidats n'ont eu aucun poids dans le verdict des citoyens, explique-t-il. C'est assez déconcertant. Les gens ont voté pour une perception. Ils voulaient du nouveau, mais ils ne voulaient pas Stephen Harper. »
Selon M. Lessard, les Québécois sont désormais privés du seul parti qui défendait leurs intérêts à Ottawa. « En voulant remplacer M. Harper, ils ont sorti le Bloc québécois en même temps. Ils réalisent maintenant qu'ils se sont enlevé le seul instrument politique authentiquement québécois. »
Trois bons coups
Pendant ses trois mandats, le politicien de 68 ans estime avoir toujours travaillé pour les Québécois et, de façon plus directe, pour les citoyens de Chambly-Borduas. Maintenant que la circonscription est représentée par un néo-démocrate, il craint que les choses changent en leur défaveur.
« Mes engagements étaient clairs : c'était le Québec, dit-il. M. Dubé, lui, c'est le Canada. Le NPD, c'est le plus centralisateur des partis au fédéral. Avec Jack Layton, les intérêts du Canada vont passer avant ceux du Québec. »
Yves Lessard recense trois engagements qu'il a tenus et dont il est particulièrement fier. D'abord, le maintien du programme Emploi Été, malgré la réduction des subventions fédérales. « On a réussi à le conserver, mais nous avons dû nous battre tous les ans », lance-t-il, ajoutant qu'entre 130 et 160 emplois ont ainsi pu être créés dans Chambly-Borduas chaque été.
Le report du projet visant à inverser le cours du pétrole dans l'oléoduc Portland-Montréal, qui traverse le Richelieu et la circonscription, figure aussi parmi ses bons coups. « Le tuyau date de 1941. Inverser le cours pour amener du pétrole de l'Alberta vers Portland est non-sécuritaire. Il y a un potentiel d'éclatement. Ma crainte, c'est qu'il procède maintenant au changement. »
Enfin, M. Lessard rappelle qu'il a réussi à respecter sa promesse de décontaminer le champ de tir de la Défense nationale à Saint-Bruno-de-Montarville, et ce, lors de son tout premier mandat. « Je me rappelle que nous avions tenu la conférence de presse sur la remorque de ma voiture », raconte-t-il avec le sourire.
Désormais libre de toute fonction politique officielle, Yves Lessard ne restera pas inactif pour autant. Il veut rester en contact avec ceux qui l'ont élu trois fois. Et comme les autres candidats bloquistes défaits, il compte s'attaquer à la reconstruction du Bloc québécois, qu'il qualifie « d'alternative politique qui parle spécifiquement de nous autres ». Le prochain test aura lieu dans quatre ans.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.