Selon un rapport de la CIBC
Le chômage des jeunes atteint des niveaux de récession

Par La Presse Canadienne
Un nouveau rapport indique que le taux de chômage actuel des jeunes se situe à des niveaux généralement observés en période de récession, même si les autres tranches d’âge bénéficient d’un marché du travail plus résilient.
Andrew Grantham, analyste à la Banque CIBC, affirme que la hausse du chômage chez les 15-24 ans a dépassé ce que le contexte économique actuel laisserait supposer.
Il précise que le taux de chômage des jeunes augmente généralement d’environ quatre points de pourcentage en période de ralentissement économique, ce qui est supérieur à la hausse de deux points de pourcentage observée chez les travailleurs d’âge moyen en période de ralentissement économique.
Mais depuis 2022, le taux de chômage des jeunes a augmenté plus que la moyenne, avec une hausse de 5,5 points de pourcentage. Parallèlement, les travailleurs d’âge moyen ont connu une hausse du chômage plus faible que d’habitude.
M. Grantham soupçonne l’essor de l’intelligence artificielle (IA) d’être un facteur du côté de la demande, car les emplois généralement occupés par les jeunes sont également ceux les plus menacés par les changements technologiques.
Il affirme que la tendance au chômage est également due en partie à une hausse du nombre de résidents non permanents entre 2022 et 2024, qui s'ajoutent à la population active, mais il souligne que l'offre accrue de travailleurs n'explique pas la faiblesse de l'ensemble du marché.
«Avec le ralentissement rapide de la croissance démographique récemment, en grande partie dû à la baisse du nombre d'étudiants, ce facteur d'offre n'explique probablement pas le nouveau ralentissement de l'emploi des jeunes observé cette année», écrit Andrew Grantham dans son analyse publiée mardi.
Statistique Canada a indiqué que le chômage des jeunes a atteint 14,6 % en juillet, son taux le plus élevé depuis septembre 2010.
Selon l'analyste de la CIBC, les premières données soulignent le rôle de l'IA et d'autres technologies de substitution du travail, qui affecteront probablement de manière disproportionnée les jeunes Canadiens à la recherche d'un emploi.
Par exemple, le rapport suggère que le secteur du commerce de détail est en partie responsable du chômage élevé, car les détaillants déploient de plus en plus de caisses libre-service, tandis que les entreprises et les services de soutien se tournent de plus en plus vers l'IA.
Mais les facteurs contribuant à l'affaiblissement du marché du travail ne dureront pas éternellement, a rassuré M. Grantham. «La croissance démographique, en particulier chez les résidents non permanents, ralentit déjà, ce qui signifie que le marché du travail devra absorber moins d'offres supplémentaires», a-t-il dit.
D'autres périodes de progrès techniques ayant entraîné des bouleversements sur le marché du travail, notamment l'essor de l'ordinateur personnel et d'Internet, ont vu ces pertes compensées à long terme par la création d'emplois dans d'autres secteurs, a-t-il ajouté.
Le rapport n'indique pas quand la tendance pourrait commencer à s'inverser.
Entreprise dans cette dépêche: (TSX: CM)
Ritika Dubey, La Presse Canadienne