Les élus libéraux et conservateurs qui siègent au comité permanent des langues officielles ont rejeté mardi l'amendement déposé par le Bloc québécois
Les PDG d'Air Canada et du CN n'auront pas l'obligation de comprendre le français
Par La Presse Canadienne
Les grands patrons d'Air Canada, du Canadien National (CN), des sociétés de la Couronne et des autres organisations assujetties à la Loi sur les langues officielles comme les administrations portuaires et aéroportuaires n'auront pas l'obligation de parler et de comprendre clairement le français, comme le réclame le gouvernement du Québec.
Les élus libéraux et conservateurs qui siègent au comité permanent des langues officielles ont rejeté mardi l'amendement déposé par le Bloc québécois au projet de loi C-13. Le Nouveau Parti démocratique est la seule autre formation politique qui s'est dite en faveur.
Un tel amendement vise à éviter «des choses comme on voit, par exemple, le CN qui n'avait aucun administrateur francophone», a indiqué le porte-parole du Bloc québécois en matière de langues officielles, Mario Beaulieu.
Le fait que les hauts dirigeants d'Air Canada et du CN - deux sociétés basées à Montréal - soient incapables de parler français est «scandaleux» et démontre qu'«elles n'ont aucun intérêt à respecter leur contrat social avec nous», a déclaré la députée néo-démocrate Niki Ashton.
«Les premiers dirigeants de ces sociétés sont les premiers dirigeants parce que le gouvernement a privatisé ces compagnies, a-t-elle ajouté. Une des rares obligations qui demeurent c'est celles de la Loi sur les langues officielles.»
Les libéraux n'ont pas commenté directement l'amendement, préférant poser des questions aux experts invités par le comité.
«Est-ce que ça voudrait dire que, par exemple, l'autorité portuaire de Port Alberni ou de Nanaimo ou d'Halifax, ou les autorités qui régissent les aéroports comme, par exemple, à Calgary ou Vancouver (...) tous ces PDG devront être bilingues», a demandé le député de Notre-Dame-de-Grâce—Westmount, Marc Garneau, qui s'est fait répondre par l'affirmative.
Advenant que l'amendement soit adopté et que C-13 devient loi, cette disposition prévoit «une obligation qui limiterait» les choix d'administrateurs de sociétés privées,» a également affirmé la sous-ministre adjointe au ministère du Patrimoine canadien, Julie Boyer, en réponse à une question de la députée libérale de Saint-Léonard—Saint-Michel, Patricia Lattanzio.
Le porte-parole conservateur en matière de langues officielles, Joël Godin, s'est également dit contre cet amendement malgré les nombreux exemples où «le français a été bafoué dans certaines entreprises, dont Air Canada».
M. Godin a cependant jugé que l'amendement est «trop général» et qu'il risque de «limiter les gens unilingues à ne pas avoir accès à ces postes d'administrateurs». Il a dit préférer «développer une culture bilingue».
Le CN a affronté une tempête linguistique l'an dernier lorsqu'il a été révélé qu'elle n'avait retenu aucun candidat francophone pour son conseil d'administration après la démission de l’ancien premier ministre du Québec, Jean Charest. Le premier ministre Justin Trudeau s'était même dit être «époustouflé» par la situation.
Le chef de la direction d'Air Canada, Michael Rousseau, avait aussi suscité un tollé après un discours qu'il avait livré essentiellement en anglais à Montréal. Il s'était également réjoui d’avoir pu travailler et vivre au Québec pendant des années sans devoir apprendre le français.
Michel Saba, La Presse Canadienne
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