Un documentaire pour éviter les dérapages

Par Fadwa Lapierre
Depuis cinq ans, trois jeunes de 16 à 24 ans meurent en moyenne chaque semaine sur les routes du Québec. Projeté sur plus de 60 écrans au Québec, le documentaire Dérapages, qui met en lumière cette triste réalité, ne laisse personne indifférent.
Le Vallée-du-Richelieu Express.ca a profité de la présentation du film aux élèves de cinquième secondaire de la Polybel pour s’entretenir avec le réalisateur, Paul Arcand.
Ce dernier a consulté différents experts pour la préparation du film, mais aucun d’entre eux ne se retrouvent à l’écran.
« Je ne voulais pas faire un film moralisateur. J’ai laissé la place aux jeunes. Ils ont des choses à dire », mentionne celui qui est aussi animateur de l’émission matinal Puisqu’il faut se lever, sur les ondes du 98,5 FM.
Les jeunes, survivants des drames, en ont gros sur le cœur. À leur façon, dans le silence parfois, ils expriment leur vision de la situation sans filtre, en oubliant la présence de la caméra.
Le réalisateur intervient rarement. Il agit à titre de témoin face à des confidences qui secouent.
Quelques scènes ont été tournées dans la Vallée-du-Richelieu, notamment à la halte routière d’Otterburn Park, où Paul Arcand a rencontré des jeunes par hasard, ainsi que sur un rang à Saint-Charles-sur-Richelieu pour des tests routiers.
Dérapages ne prétend pas apporter de solutions au problème, mais alimente le débat. « Je ne suis pas un coroner, mentionne le documentariste. Je ne veux pas faire de recommandations, mais le rôle des parents a une influence. Trop de parents disent à leurs jeunes : tu as un bon bulletin, tu sais mettre de l’essence, voilà les clés ! »
Selon l’animateur, les filles peuvent aussi influencer le comportement au volant de leurs copains en exprimant leur désaccord. Certaines lui ont même dit que le film leur a fourni des arguments supplémentaires pour le faire.
Un Beloeillois au cœur du documentaire
Dans Dérapages, plusieurs destins s’entrecroisent autour de drames liés à la vitesse ou l’alcool au volant. Le Beloeillois Mikaël Borduas voit sa vie chavirer à la suite d’un important accident de la route qui le paralyse et lui cause un traumatisme crânien sévère.
Ses parents ont accepté courageusement de livrer leur histoire à une seule condition, M. Arcand ne devait censurer aucune scène par souci de véracité.
Cette vérité heurte. La condition de Mikaël Borduas vivant au CHSLD Le Pommetier à 24 ans dévoile la situation des blessés graves, ceux qui restent avec des conséquences au quotidien.
Point central du film, l’histoire de Mikaël Borduas a touché plusieurs spectateurs qui s’y projetaient. Un érable rouge a été planté en son honneur mardi dernier sur le terrain de la Polybel, son ancienne école secondaire.
Grâce à diverses initiatives, des visionnements pour les jeunes ont été organisés à travers la province. « L’objectif du film est que les jeunes s’y reconnaissent. À nos rencontres, ils me disent que c’est le cas. Dérapages reçoit une réponse extraordinaire de leur part », constate Paul Arcand.
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