Ils sont Autochtones, mais ne le disent pas…

Par Isabelle Laramée
La nouvelle est tombée en janvier. La Cour fédérale a tranché que les Métis et les Indiens non inscrits étaient des « Indiens » en vertu de la Contistution canadienne. Mais voilà que le gouvernement fédéral vient de porter la décision en appel. Pour les non-inscrits de la Vallée-du-Richelieu, ce revirement pourrait changer bien des choses, notamment les convaincre ou non de « sortir du placard ».
Loin des manifestations du mouvement Idle No More, les autochtones de la région se font plutôt discrets. En fait, plusieurs d’entre eux préfèrent ne pas être identifiés ou veulent carrément garder l’anonymat. À Beloeil et à Mont-Saint-Hilaire, seulement 106 autochtones étaient officiellement enregistrés comme tel selon la loi il y a trois ans. Ils seraient toutefois plus nombreux.
« Il y en a beaucoup plus. Les gens ne les reconnaissent pas, car ils ne s’identifient pas. Nous, on le sait, car ils viennent à la Maison amérindienne et ils racontent leur histoire », indique le fondateur de cet établissement hilairemontais, André Michel.
Ce dernier ajoute que la Loi sur les Indiens, qui statuait leur admissibilité, a été faite au départ pour assimiler les Premières Nations, en refusant de reconnaître notamment les Métis. Pourtant, 85 % des Québécois qui se disent « pure laine » ont du sang amérindien, souligne M. Michel.
Pour celui qui a passé 15 ans de sa vie en compagnie avec des autochtones dans le Nord du Québec, les préjugés et les stéréotypes véhiculés par les médias sont en grande partie responsables de cette négation identitaire.
Des droits qui leur reviennent
La décision de la Cour fédérale n’accorde pas aux Métis et aux Indiens vivants hors des réserves les mêmes droits que ceux demeurant dans les réserves, comme l'exemption de taxes et d’impôts. L’accès gratuit aux soins de santé et à l’éducation, tout comme le droit de négocier des traités territoriaux sera toutefois autorisé. Rappelons qu’il y a quelques années, un Indien qui allait à l’université perdait son statut !
« Il y en a beaucoup plus. Les gens ne les reconnaissent pas, car ils ne s’identifient pas. Nous, on le sait, car ils viennent à la Maison amérindienne et ils racontent leur histoire. » André Michel, fondateur de la Maison amérindienne
« Les Métis n’avaient pas les mêmes droits quant aux études et aux soins de santé. Souvent, les Métis sont des descendants des mères. Les femmes sont maintenant mieux reconnues et c’est un pas de plus dans la bonne direction, soit vers l’égalité », souligne le Beloeillois Jean-François Aubin, descendant direct de la lignée des Malécites.
Pour lui, le fait que les Métis et les Indiens ne vivant pas dans une réserve soient reconnus comme étant « Indiens » à part entière ne changera pas grand-chose dans la vie de tous les jours. Il espère toutefois que les règles d’admission plus étendues inciteront certaines personnes à s'enregistrer comme Indiens et, ainsi, augmenter la force du nombre et de la parole.
Selon le Malécite Richard Ruest, conseiller municipal d'Otterburn Park et membre du conseil d’administration de la Maison amérindienne, cette décision profitera aux générations futures, puisque celles-ci n’auront plus à se battre pour faire valoir leur identité.
« Je suis Québécois, Canadien, mais je suis autochtone avant tout, dit M. Ruest. Cette décision donnera la chance à mes enfants de se faire reconnaitre plus rapidement. »
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