Affichage en français : les restaurateurs sont perplexes

Par Fadwa Lapierre
L’Office québécois de la langue française (OQLF) a fait couler beaucoup d’encre à la suite de recommandations jugées abusives par certains restaurateurs montréalais. La Montérégie est aussi dans la mire de l’organisme. L’an dernier, 326 plaintes pour non-respect de la Charte de la langue française ont été formulées par la population, plaçant la région en deuxième position derrière Montréal.
Les restaurateurs du coin interrogés par le Vallée-du-Richelieu Express.ca sont toutefois perplexes face cette polémique sur l'affichage en français. « Je trouve que ça va trop loin. Ça dérange l’Office tout d’un coup, mentionne Jimmy Baloukas, propriétaire du Savoy Deli, situé à Mont-Saint-Hilaire. Nos appareils proviennent des États-Unis et d’Europe. On n’a pas le contrôle sur la langue affichée. Mon menu est en français uniquement, ça choque même des clients anglophones parfois. »
Nguon Pun, propriétaire du restaurant Sawadee, à Beloeil, a quant à lui une réaction mitigée face à la situation. « Ici, nous parlons français, il faut le respecter. Quand on écrit Pad Thaï, c’est le nom du plat, il n’y a pas d’équivalent. C’est difficile de prendre position, on ne choisit pas les règles. »
Au restaurant Danvito, également à Beloeil, le propriétaire est ouvert à recevoir une visite de l’OQLF. « Je n’ai pas de problème avec ça, je suis les lois, c’est correct, explique Vittorio Veri. Si je vais en Italie, je parle italien. Il est normal que ça se passe en français au Québec. »
Pour sa part, Christian Boudreau, directeur service à la clientèle et maître d’hôtel du Pub Campbell, au Manoir Rouville-Campbell, croit que les restaurateurs ne devraient pas être la cible de l’OQLF. « Je trouve ça un peu excessif, on fait notre effort, mais un scotch reste un scotch. Les termes de cuisine ou de bar devraient être acceptés. Je crois que l’Office québécois de la langue française ne vise pas les bonnes personnes. »
Le Manoir Rouville-Campbell a reçu la visite d'un inspecteur de l'OQLF il y a plusieurs années. Aucun changement n'a cependant été demandé.
Vigilance en région
L’OQLF n’a pas tenu à ce jour d’études précises sur l'affichage français dans la Vallée-du-Richelieu. Les inspecteurs visitent les commerces ayant fait l’objet d’une plainte ou les entreprises de plus de 50 employés en processus de francisation.
Le porte-parole de l'organisme, Martin Bergeron, affirme que les régions ne sont pas à l’abri de l’anglicisation. « Les gens quittent Montréal vers la banlieue et ce ne sont pas seulement les francophones. Il faut demeurer vigilant partout. La protection de la langue française est une œuvre collective, autant du gouvernement, de l’Office et des citoyens. »
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