24 cas d'extorsion sexuelle en 12 mois

Par Claudy Laplante-St-Jean
Une jolie femme aborde un homme sur la toile, lui demande de se dévêtir, de se masturber, puis menace de dévoiler la vidéo sur Internet si celui-ci ne lui verse pas d'argent.
Depuis janvier, 17 dossiers ont été ouverts à la Régie intermunicipale de police Richelieu–Saint-Laurent concernant l'extorsion sexuelle. La grande majorité d'entre eux l'a été très dernièrement, voire dans les dernières semaines, faisant de ce phénomène l'arnaque de l'heure sur le Web.
La Sureté du Québec dénombre pour sa part une vingtaine de cas sur son territoire au Québec, qui exclut toutefois les grands centres comme la Montréal, Laval et une partie de la Rive-Sud.
« Durant la conversation sur un site de clavardage conventionnel, les deux personnes conviennent ensemble d’aller sur des sites de discussion vidéo. Durant l’acte sexuel, la victime reçoit un lien hypertexte montrant la vidéo enregistrée. S’il ne paye pas, il est menacé de voir la vidéo rendue publique sur des sites ouverts à tous, comme You Tube et Facebook », explique la porte-parole de la SQ Joyce Kent.
Les hommes sont visés
S'il y a plusieurs années, c'étaient les femmes qui se faisaient extorquer avec des promesses d'amour de la part d'étrangers et les enfants qui se faisaient prendre dans les filets de pédophiles sur Internet, ce sont maintenant les hommes qui sont visés.
« On a tellement parlé aux enfants de faire attention aux pédophiles avec des conférences, des émissions, qu'on n'a plus de dossiers concernant ce problème. On a, en quelque sorte, enrayé ce type de criminalité avec la prévention. Toutefois, on n'avait pas prévu que ça serait les hommes qu'on devrait protéger maintenant », indique le sergent Pierre Tremblay, porte-parole de la Régie de police Richelieu–Saint-Laurent à propos du phénomène relativement nouveau et en hausse dans la région.
Mme Kent mentionne toutefois avoir dans ses dossiers un cas de tentative d’extorsion sexuelle sur le Web envers une femme. Elle ajoute qu’aucun lien n’a été établi entre la vingtaine de victimes. Les montants demandés peuvent aller jusqu’à plusieurs milliers de dollars, souligne-t-elle.
Si du côté de la SQ, on note une baisse de plaintes depuis les derniers mois comparativement à l’automne 2012, ce n’est pas le cas dans la région. Durant les 12 derniers mois, 24 dossiers ont été ouverts concernant l'extorsion sexuelle par la Régie, dont 17 depuis janvier. De ce nombre, la majorité a été signalée très récemment.
« Ce sont des hommes âgés de 18 et 55 ans, certains sont même bien en vue comme des dirigeants d'entreprises. Les montants demandés varient entre 500 $ et 1000 $. Sur les 24 dossiers, il n'y en a qu'un qui a payé avant de nous appeler. Les autres l'ont fait tout de suite », indique le sergent, précisant que l'extorsion est un acte criminel passible d'emprisonnement.
De plus, 24 appels ont été faits à la Régie à propos du phénomène sans toutefois déboucher en plainte.
D'après M. Tremblay, le nombre de victimes totales de ce phénomène est difficile à chiffrer. « Combien en a-t-il qui ne porte pas plainte, par honte? Est-ce qu'il y en a qui paye sans appeler? Qui se fait avoir? On ne peut pas le savoir », ajoute le policier en invitant les victimes à appeler à la Régie pour mettre fin au stratagème.
Une illusion d'intimité
Le sergent tient à rappeler qu'Internet est un espace public, où tout ce qui est fait devient propriété du Web et peut être enregistré.
« En tout temps, il faut agir sur la toile comme si l'on était dans un espace public. Est-ce que tu déshabillerais dans un café en parlant à quelqu'un? Même si chez toi, il fait noir dans ta chambre, ils peuvent être 500 à te regarder au bout de l'écran. C'est une illusion d'intimité que propose la Toile », déplore M. Tremblay.
Joyce Kent abonde dans le même sens et suggère aux utilisateurs des sites de rencontre d'être encore plus vigilant. « Il faut toujours s’assurer de l’identité de son interlocuteur, utiliser une connexion Internet sécurisée et surtout ne jamais tenir pour acquis le caractère privé d’une conversation sur Internet. »
L'extorsion sexuelle en chiffres dans la région
Dossiers criminels dans les 12 derniers mois : 24
Dossiers criminels depuis janvier : 17
Appels concernant l'extorsion depuis les 12 derniers mois : 24
Victimes totales : inconnu
Avec la collaboration d’Isabelle Laramée.
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