Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Recherches

Les personnes autistes pourraient apprendre le langage différemment, selon une étude

durée 09h00
25 septembre 2023
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

Les personnes autistes pourraient apprendre le langage différemment que les enfants neurotypiques, conclut une méta-analyse qui invite les spécialistes à étudier le langage en dehors de la comparaison autiste et non autiste. 

L’analyse, qui réunit 71 études publiées depuis 1994, a été réalisée par le professeur au département de psychiatrie et d’addictologie de l’Université de Montréal, Laurent Mottron, Ariane St-Denis, étudiante en médecine à l’Université McGill et Mikhail Kissine, professeur de linguistique à l’Université libre de Bruxelles. 

Leur étude conclut que les enfants autistes peuvent acquérir le langage tout en ayant un niveau d’attention conjointe bas, un facteur qui est primordial dans l’apprentissage du langage chez les personnes neurotypiques. 

Qu’est-ce que l’attention conjointe? Il s’agit du processus par lequel, par exemple, un parent va pointer un oiseau à son enfant, et lui dire : «regarde, c’est un oiseau». L’attention de l’enfant se portera donc sur le même objet que celui désigné par son père, auquel il associera le mot «oiseau». 

«C’est l’une des caractéristiques les plus claires et très précoces de l’autisme, qu’on voit dès la fin de la première année de vie, de façon très robuste, c’est que cette attention conjointe est moins présente ou pas du tout présente», explique Laurent Mottron, joint à partir de Bruxelles. 

«Les enfants autistes, par exemple, vont avoir tendance à beaucoup moins faire attention au regard, alors que pour établir l’attention conjointe, il faut pouvoir suivre le regard d’autrui», poursuit-il. 

Le professeur indique que le manque d’attention conjointe chez les personnes autistes est une cause « très probable» de leur retard dans l’apprentissage du langage. 

«Autour de 60% des enfants autistes à trois ans ne parlent pas, ou parlent très peu», précise M. Kissine. 

Toutefois, «si on regarde ce qui se passe autour de sept à neuf ans, il y a beaucoup d’enfants qui ont développé du langage. Ils ont rattrapé ce retard», précise le professeur. Leur étude se questionnait donc à savoir si les enfants autistes qui ont davantage d’attention conjointe ont plus de chance de parler. 

Au final, «ce qu’on réalise, c’est que, oui, l’attention conjointe est très importante dans l’autisme, elle joue en fait un rôle de pivot, dans le sens (où) les enfants qui n’ont pas ou peu d’attention conjointe ont plus de chance de manquer les premières étapes du langage», déclare M. Kissine. 

«Mais, ce qu’on voit aussi, quand on examine toute cette littérature scientifique, et ce qui est très intéressant, et un peu interpellant, c’est qu’il y a aussi clairement des cas à tester d’enfants autistes qui acquiert le langage, qui arrivent à des niveaux qui sont très élevés (…) alors qu’ils ont par ailleurs des niveaux d’attention conjointe qui sont bas, ou ils n’ont pas de cas d’attention conjointe qui est documentée», ajoute-t-il. 

La méta-analyse conclut donc que des enfants autistes acquièrent tout de même le langage, malgré leur manque d’attention conjointe. 

Toutefois, de plus amples recherches doivent être effectuées pour déterminer par quels mécanismes les enfants autistes apprennent à parler. 

Par exemple, des études ont montré des cas d’enfants autistes qui apprennent une langue qui n’est pas parlée autour d’eux, uniquement par une exposition aux écrans, illustre M. Kissine. Certaines recherches rapportent aussi des cas d’enfants autistes hyperlexiques, c’est-à-dire, qui ont une maitrise précoce du langage écrit par rapport à leur langage oral. 

«Ce sont des cas individuels que je pense on devrait mieux documenter pour mieux comprendre, d’une part quels sont les facteurs motivationnels, qu’est-ce qui motive ces enfants à acquérir le langage alors qu’ils ne peuvent pas l’utiliser pour communiquer autour d’eux, et d’autre part, essayer de comprendre comment ils le font», soutient M. Kissine. 

Le professeur invite donc les chercheurs à «garder l’esprit ouvert», en soulignant qu’il ne faut pas toujours s’attarder au développement d’un enfant non autiste pour comprendre le développement du langage d’une personne autiste. 

Coralie Laplante, La Presse Canadienne

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié hier à 12h00

Un rapport interne du MSSS fait état du besoin de redresser le réseau des CLSC

Le réseau des CLSC (Centre local de services communautaire) du Québec doit être remanié et recentré sur sa mission première d’être une porte d’accès aux services sociaux et de santé axée sur les besoins et réalités du territoire qu’ils desservent. Un document préparé pour le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) à l’approche du ...

Publié le 15 octobre 2025

Instagram annonce des mesures de protection pour les adolescents

Les adolescents sur Instagram n'auront par défaut plus accès au contenu interdit aux moins de 13 ans et ne pourront pas modifier leurs paramètres sans l'autorisation d'un parent, a annoncé Meta mardi. Cela signifie que les enfants utilisant des comptes réservés aux adolescents verront des photos et des vidéos similaires à celles d'un film ...

Publié le 13 octobre 2025

Un fœtus peut se familiariser avec une langue étrangère dans le ventre de sa mère

Des chercheuses en neuropsychologie de l’Université de Montréal ont fait une découverte fascinante. Elles ont constaté qu’il est possible de se familiariser avec une langue étrangère avant même de venir au monde. Après avoir fait écouter à répétition une autre langue à des fœtus dans le ventre de femmes issues de milieux complètement ...