Port du chandail rose
Des organismes s'inquiètent d’une montée de violence contre les jeunes LGBTQ+
Par La Presse Canadienne
Alors que se tient ce mercredi la Journée des chandails roses visant à sensibiliser contre l’intimidation dans les écoles, des organismes s’inquiètent d’une montée de la violence contre les jeunes de la communauté LGBTQ+.
Pour souligner cette journée, l’organisme communautaire Interligne invite la population à s’afficher avec un chandail rose en soutien aux jeunes LGBTQ+ qui sont victimes d’intimidation dans leur milieu scolaire.
Cette initiative, soulignée à travers le Canada, a vu le jour en 2007, lorsque deux jeunes, David Shepherd et Travis Price, ont demandé à leurs camarades de classe de mettre un chandail rose à l’école en soutien à un ami qui avait été la cible de commentaires homophobes parce qu’il avait porté du rose.
L'organisme Interligne prend part à cette journée pour une quatrième année. Cette édition se distingue des précédentes puisqu’elle se déroule sous le thème de la douceur, une réponse au «discours haineux et anti-LGBT qui prend de l’ampleur dans l’espace public», affirme Pascal Vaillancourt, directeur d’Interligne.
«Le logo du chandail est un ourson qui offre de la tendresse. On y est allé avec un aspect de douceur parce que c’est ce dont les jeunes qui vivent de l’intimidation ont besoin. Ils ont besoin qu’on prenne soin d’eux», explique M. Vaillancourt.
Une intolérance inquiétante dans les écoles
Le directeur d’Interligne, un organisme qui se promène dans les écoles de la province pour offrir des formations aux jeunes et au personnel enseignant, s’inquiète d’un «discours LGBTQ+ haineux un peu plus présent qu’il ne l’était depuis les dernières années».
«On le remarque, on l’a vu et on l’a aussi observé à travers les médias l’année passée», a-t-il soutenu, en citant un incident survenu en mai 2023, lorsque des adolescents ont arraché et piétiné un drapeau de la Fierté dans une école secondaire de Vaudreuil-Soulange.
La directrice du Groupe de recherche et d’intervention sociale de Montréal (GRIS), Marie Houzeau, abonde dans le sens de M. Vaillancourt. Les bénévoles de son organisme, chargés d’animer des ateliers de sensibilisation aux réalités LGBTQ+ dans les écoles, ont remarqué une augmentation des questions «chargées de préjugés ou d’une certaine forme d'agressivité» posées par les élèves.
Le GRIS a le mandat de documenter le niveau de confort des jeunes vis-à-vis de la diversité sexuelle et de la pluralité des genres, grâce à des questionnaires.
«On remarque quand même que le niveau de confort recule par rapport aux années précédentes. Les jeunes laissent aussi des commentaires carrément violents sur les formulaires», raconte Mme Houzeau.
Du chemin à parcourir
Une étude de l’Institut de la statistique du Québec menée auprès de 21 000 personnes en 2022 démontre que les jeunes LGBTQ+ sont plus susceptibles d’être victime d’intimidation que le reste de leurs camarades.
Le sondage révèle que 28 % des personnes LGB et 34 % des personnes transgenres et non binaires ont vécu de l’intimidation au cours des 12 mois précédent l’enquête, contre 10 % pour les répondants hétérosexuels et 11 % pour les répondants cisgenres.
En 2020, une enquête du projet SAVIE rapportait que 43 % des jeunes jugeaient leur milieu scolaire encore hostile aux enjeux LGBTQ+
Pour M. Vaillancourt et Mme Houzeau, ces chiffres rappellent l’importance de souligner la Journée des chandails roses.
«C'est un moment privilégié pour jeter les projecteurs sur le phénomène de l’intimidation qui, malheureusement, est encore bien présent dans nos milieux scolaires», indique Marie Houzeau, qui se réjouit de certaines avancées dans les écoles au cours des dernières années.
Pascal Vaillancourt observe de son côté une ouverture de la part des directions à vouloir s’informer sur les réalités LGBTQ+ afin de rendre les milieux scolaires plus inclusifs pour les élèves. Il rappelle la nécessité de former le personnel enseignant pour répondre aux cas d’intimidation et pour protéger la santé mentale des jeunes issus de la diversité sexuelle.
Samira Ait Kaci Ali, La Presse Canadienne
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