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Les effets positifs et négatifs de la densité des villes sur la santé

durée 09h00
8 avril 2024
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Par La Presse Canadienne

Le Québec cherche de plus en plus à densifier ses villes entre autres pour favoriser la mobilité durable et mieux protéger les milieux agricoles. La densification a certains effets pervers sur la santé, mais il y a aussi des bénéfices, indique un récent rapport de l'INSPQ. 

L'Institut national de santé publique du Québec a analysé plusieurs études afin de dresser un portrait des impacts de la densification sur la santé. Il s'est penché sur le niveau d'activité physique et la marche, le bruit et la qualité de l'air, les risques de blessures posés par les véhicules et les interactions sociales. 

Une mauvaise qualité de l'air peut se traduire par des taux de mortalité ou d'hospitalisation plus élevés, soulève l'analyse. Elle précise que la pollution de l’air peut affecter même les personnes en bonne santé, mais celles qui souffrent d’asthme ou d’autres troubles respiratoires ainsi que les aînés et les jeunes enfants sont des populations plus à risque. 

«On sait que quand on respire la pollution atmosphérique, il va y avoir des effets sur la santé comme une augmentation dans les risques de certains cancers, la fréquence de crise cardiaque augmente, le nombre de personnes qui doit être admis à l’hôpital avec des problèmes respiratoires augmente aussi», a énuméré Patrick Hayes, professeur de chimie analytique et atmosphérique à l’Université de Montréal.

Il indique qu'on constate une intoxication importante à la qualité de l’air pour les personnes qui habitent près d’une source de pollution comme un axe routier achalandé. M. Hayes souligne qu'il existe une très grande variation de la qualité de l’air à l’intérieur d’une même ville selon les secteurs. 

Par ailleurs, les grandes villes ont souvent un meilleur réseau de transport en commun et une plus grande proportion de la population se déplace à pied ou à vélo. 

«Il y a un effet qui va un peu s’annuler dans le sens que les émissions totales sont réduites, mais les émissions par unité de superficie vont augmenter, explique M. Hayes. Il y a deux effets qui vont dans des directions opposées, donc c’est une question de (savoir) si la réduction des émissions a un effet qui est plus grand que les effets de la densification.» 

M. Hayes souligne l'importance de moins polluer, notamment en réduisant les déplacements en automobile. Il ajoute toutefois que certains polluants sont hors de notre contrôle. «Il y a certaines sources qu’on ne peut pas contrôler facilement comme la fumée des feux de forêt qu’on a vue l’été dernier à Montréal. La fréquence et l’intensité des feux de forêt sont influencées par les changements climatiques (…) mais ce n'est pas quelque chose qu’on peut contrôler directement.»

Par ailleurs, M. Hayes indique que le Québec est plutôt mal placé géographiquement en termes de vent dominant, ce qui fait en sorte qu'on reçoit une partie de la pollution atmosphérique en provenance du nord-est des États-Unis et l'Ontario. 

Le rapport de l'INSPQ a aussi exploré les effets du bruit sur la santé. Il indique qu'une exposition au bruit excessif peut notamment perturber le sommeil et la proximité de la circulation automobile ou d’un aéroport est associée à «l’hypertension artérielle et à des maladies cardiovasculaires, à une réduction de la qualité de vie et du bien-être ainsi qu’à une possible altération du développement cognitif chez les enfants».  

Plus d'interactions sociales en ville 

La quantité et la qualité des liens sociaux entre individus ont des effets positifs sur la santé, mentionne le rapport. Les gens avec plus de connexions sociales vivent plus longtemps, alors que l'isolement est associé à un risque de dépression, de déclin cognitif, d’inactivité physique et de présenter un état de santé généralement plus faible. 

Les espaces publics — qui sont généralement plus utilisés dans les villes à forte densité — jouent un rôle important dans les interactions sociales. Ces espaces favorisent les opportunités de rencontres spontanées. 

Les déplacements en transport en commun, à pied ou à vélo entraînent également plus de rencontres spontanées. 

«On sait aussi que les places publiques, quand elles sont bien aménagées, ça amène un ressourcement psychologique important, explique Linda Pagani, professeure à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. Aujourd'hui, on a tendance à passer trop de temps à l'intérieur en solitude à cause de la vie virtuelle. Nous avons perdu le fil de comment c'est important le hasard dans la vie.»

Mme Pagani soutient que les interactions sociales favorisent un sentiment de sécurité, diminuent l'anxiété et la tristesse en plus d'augmenter le sentiment d'appartenance. 

«Quand c'est aménagé pour des interactions sociales et pour des rencontres spontanées, on a tendance à être très positifs les uns envers les autres», ajoute la professeure. 

Toutefois, dit-elle, les situations de promiscuité, c'est-à-dire le fait d'être obligé de vivre côte à côte et d'être entassé les uns sur les autres, peuvent avoir un effet nocif.

Activité physique 

La circulation routière engendre inévitablement des collisions, que ce soit entre automobiliste ou avec des piétons et des cyclistes. 

Selon l'analyse, le lien entre densité et traumas routiers est mitigé. «Au niveau des quartiers d’une même ville, ce sont généralement les quartiers plus denses qui subissent plus de collisions en raison du nombre plus élevé de déplacements qui les parcourent. Par contre, si l’on compare les villes entre elles, en considérant le nombre de kilomètres parcourus en voiture, ce sont les villes plus denses qui subissent moins de collisions», peut-on lire dans le document de l'INSPQ. 

Par rapport au niveau d'activité physique, l'analyse mentionne que «l'étalement urbain est associé à de plus faibles niveaux d’activité physique en raison des habitudes de vie sédentaire associées à une utilisation massive de la voiture». Cela peut jouer un rôle dans le développement de maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 ainsi que certains types de cancer. 

Selon les données de l'Institut de la statistique du Québec, 48 % de la population de 15 ans et plus n’atteint pas le niveau recommandé d’activité physique par semaine, qui est d'au moins 150 minutes d’activité d’intensité moyenne pour les adultes. 

Le fait de bouger suffisamment a des effets positifs sur la santé mentale et la réduction du risque associé au surpoids comme l’hypertension et les accidents cardiovasculaires. 

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l'Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l'unique responsable des choix éditoriaux. 

Katrine Desautels, La Presse Canadienne

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