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Changer d'emploi peut s'avérer financièrement payant, selon des experts

durée 10h15
9 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

Allison Venditti sait à quel point la question «dois-je rester ou dois-je partir» peut être difficile.

L'accompagnatrice en gestion de carrière établie à Toronto et fondatrice de Moms at Work, une communauté de réseautage en ligne de femmes en emploi, a vu de nombreuses clientes indécises à l'idée de quitter leur emploi stable actuel pour un nouveau mieux rémunéré.

Pour la plupart, la peur de l'inconnu est un facteur dissuasif, mais Mme Venditti affirme que celles qui franchissent le pas en quête d'un plus gros salaire ne le regrettent généralement pas.

«La plupart du temps, la première rétroaction que j'entends est: "J'aurais aimé le faire plus tôt"», mentionne Mme Venditti, ajoutant qu'une augmentation de salaire significative peut changer la vie.

«Recevoir 30 000 $ de plus par an, c'est beaucoup d'argent sur cinq ans. Cela peut représenter une mise de fonds pour une maison ou un camp de vacances haut de gamme pour vos enfants. Cela fait une différence», dit-elle. 

Il peut être difficile de savoir quand il est temps de quitter un emploi que vous aimez ou une entreprise à laquelle vous vous sentez fidèle pour un salaire plus élevé ailleurs. La satisfaction au travail, votre relation avec votre patron et la culture du lieu de travail ont toutes de la valeur et, dans certains cas, l'emportent sur une éventuelle augmentation de salaire.

Toutefois, les experts estiment qu'étant donné le coût de la vie actuel, il est peut-être temps d'envisager de chercher ailleurs si vous estimez que votre potentiel salarial s'est stabilisé.

Une enquête récente menée auprès de 4000 cols blancs canadiens et de 2000 employeurs par le cabinet de conseil en recrutement mondial Robert Walters a révélé qu'en 2024, l'employeur moyen prévoit d'offrir des augmentations de salaire comprises entre 3,5 et 4 %.

Compte tenu de la persistance d’une inflation élevée au cours des deux dernières années, cela signifie que les augmentations que de nombreux travailleurs canadiens peuvent s’attendre à recevoir cette année ne feront guère plus que les empêcher de régresser financièrement.

«Si vous regardez historiquement, les augmentations de salaire ont été utilisées comme mesure pour récompenser le travail acharné, la loyauté et la progression», évoque le directeur général de Robert Walters Canada, Martin Fox. 

«Mais ce à quoi nous assistons actuellement est une situation vraiment unique et difficile. De nombreuses entreprises proposent actuellement cette hausse inflationniste juste pour garder les gens — et elles n'ont probablement pas le budget ou n'ont pas prévu de payer plus que ça», ajoute-t-il. 

Davantage d'argent pour les recrues

D’un autre côté, les entreprises creusent souvent davantage dans leur budget pour attirer une nouvelle recrue intéressante, dit M. Fox.

«Nos données et recherches internes montrent que les professionnels qui changent d'organisation connaissent souvent une augmentation de salaire substantielle», affirme-t-il.

«C'est de l'ordre de 10 à 15 %, voire jusqu'à 20 % pour certains postes très demandés», poursuit M. Fox. 

«Nous savons que les personnes qui changent souvent d'emploi gagnent plus d'argent. Cela a été prouvé», fait valoir Mme Venditti. 

Si les travailleurs peuvent bénéficier financièrement d'un changement d'emploi, ils peuvent aussi d'un changement complet de secteur d'activité.

«Cette idée selon laquelle trop de changements d’emploi seraient mauvais d’une manière ou d’une autre n’est vraiment plus une réalité. Ce que nous constatons chez les salariés à haut potentiel, c'est qu'ils passent environ deux ans et demi à occuper un emploi.»

D'autres facteurs

Bien qu'une augmentation de salaire de 15 % corresponde à ce qu'un employeur devrait s'attendre à offrir s'il tente d'inciter un professionnel expérimenté à quitter son poste actuel, Mme Venditti estime qu'il est important de se rappeler que le salaire n'est qu'une partie de l'équation.

«Si vous êtes payé 50 000 $ pour travailler 42 heures par semaine, ou 50 000 $ pour travailler 35 heures par semaine, c'est une différence significative», a-t-elle déclaré. 

Selon elle, les employés devraient également analyser les chiffres et comparez des éléments comme les options d’achat d’actions, les régimes de retraite et les compléments de REER.

M. Fox affirme que l'emploi le moins bien rémunéré pourrait également arriver en tête si l'on prend en compte des facteurs tels que la formation et le développement professionnel, les avantages sociaux et les programmes de bien-être, ainsi que la possibilité de travailler à distance ou sur une base hybride.

L'enquête de Robert Walters révèle que 93 % des employés interrogés sont prêts à quitter leur organisation actuelle pour une augmentation de salaire de 10 % ou plus.

L'étude a également révélé que le principal facteur qui pousse les employés à conserver leur poste actuel est une rémunération compétitive; seuls 9 % des employés interrogés ont cité l'appréciation de leur entreprise comme l'une des principales raisons de leur maintien.

Cependant, Mme Venditti avance que les femmes, en particulier, hésitent souvent à postuler à des postes mieux rémunérés en raison de la fausse croyance selon laquelle des emplois mieux payés signifient automatiquement une perte de flexibilité et d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

«C'est la principale réticence que je vois, dit-elle. Ne partez pas du principe que "je ne peux pas partir parce qu'ils sont très gentils avec moi". Il y a beaucoup d'endroits où il est agréable de travailler.»

Négocier avec son employeur actuel

Si vous appréciez vraiment votre travail, mais que vous sentez que vous êtes sous-payé, vous pouvez envisager de demander une augmentation ou une promotion avant de rechercher des opportunités extérieures, recommande Mme Vendetti.

Même si votre employeur ne peut pas offrir d'argent, il peut être prêt à proposer des vacances plus longues, des horaires flexibles, une semaine de travail condensée ou une autre forme de compensation non monétaire.

Néanmoins, Mme Venditti précise que les employés déterminés à améliorer leur situation financière doivent «lire la situation» et décider si cela est possible dans leur entreprise actuelle.

«Si votre employeur a publié une note disant que tout le monde a déjà subi une augmentation du coût de la vie et qu'il licencie maintenant, n'allez pas demander une augmentation, la réponse sera non», avance-t-elle.

«Parfois, il n'y a tout simplement aucune opportunité. Parfois, il faut vraiment quitter son entreprise si l'on veut progresser», ajoute Mme Venditti. 

Amanda Stephenson, La Presse Canadienne