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Danielle Smith accuse Ottawa de fuir ses responsabilités quant à un projet d'oléoduc

durée 20h40
10 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

EDMONTON — Le gouvernement de l'Alberta affirme qu'Ottawa fuit ses responsabilités en ne cautionnant pas le projet d'oléoduc de la province pour acheminer du pétrole jusqu'à la côte de la Colombie-Britannique.

Dans un communiqué publié vendredi, le cabinet de la première ministre Danielle Smith a déclaré que la construction d'un oléoduc ne dépend que du premier ministre Mark Carney et du gouvernement fédéral.

«Nous nous attendons à ce qu'il agisse avec détermination et soutienne ce projet, a déclaré le porte-parole Sam Blackett. Tout manquement à cette obligation constituerait une trahison des droits constitutionnels des citoyens de l'Alberta et remettrait en question le caractère du Canada comme démocratie d'État de droit.»

Cela survient un jour après que le ministre fédéral des Ressources naturelles, Tim Hodgson, a déclaré au Sénat que, si Mme Smith souhaite que le projet se concrétise, elle doit obtenir l'appui du gouvernement de la Colombie-Britannique et des Premières Nations concernées.

«Pour construire, il faut le soutien de la juridiction sur laquelle on construit, et il faut le soutien des Premières Nations», a soutenu M. Hodgson jeudi.

Mme Smith fait pression pour qu'une nouvelle version du projet d'oléoduc Northern Gateway soit soumise au Bureau fédéral des grands projets d'ici le printemps. Ce bureau vise à accélérer les projets jugés d'intérêt national.

M. Blackett a indiqué que le gouvernement fédéral contrôle le commerce interprovincial et dispose du pouvoir constitutionnel de réglementer les pipelines interprovinciaux.

«Cela s'explique par le fait qu'un seul premier ministre, même s'il est borné, ne peut pas bloquer l'exportation du bien le plus précieux de cinq millions d'Albertains, a-t-il expliqué. Le ministre Tim Hodgson comprend certainement la Constitution canadienne.»

Début octobre, le gouvernement conservateur uni de Mme Smith s'est engagé à verser 14 millions $ pour financer les premiers travaux réglementaires.

Le projet dépendrait de l'abandon par le gouvernement fédéral de certaines lois environnementales, notamment l'interdiction des pétroliers sur la côte ouest.

Vendredi, lors d'une conférence de presse à Ottawa, M. Carney a été interrogé sur son soutien à un nouveau pipeline vers la Colombie-Britannique. Il a déclaré que le gouvernement croit aux «projets d'édification nationale», mais que ceux-ci doivent générer des retombées économiques concrètes, être conformes aux objectifs climatiques et bénéficier aux peuples autochtones.

«Ce gouvernement examinera les propositions qui ont la possibilité ou la perspective d'atteindre ces objectifs», a affirmé M. Carney.

Interrogé sur son intention d'abandonner le plafond d'émissions pour les producteurs de pétrole et de gaz et l'interdiction des pétroliers, M. Carney a répondu que «cela dépend» des résultats.

Il a souligné que son gouvernement souhaite une énergie conventionnelle à faibles émissions de carbone.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, a soutenu que le projet de pipeline menace le soutien communautaire et l'acceptabilité sociale, qui permettraient à d'autres grands projets d'aller de l'avant.

Si une discussion doit avoir lieu, a déclaré M. Eby, elle devrait porter sur un «vrai projet» – et non sur un projet qui n'a pas encore trouvé de promoteur, de financement ou d'approbation environnementale.

Mme Smith, pour sa part, a dit que le rejet de la Colombie-Britannique était «non canadien» et «inconstitutionnel». Le chef d'un groupe représentant les Premières Nations de la côte de la Colombie-Britannique a déclaré qu'il n'appuierait pas le nouveau pipeline proposé par l'Alberta, et rien ne pourra changer cela.

«Les discussions incessantes de la première ministre Smith sur les oléoducs et les pétroliers, ainsi que sur le risque d'un déversement catastrophique de pétrole dans les eaux côtières de la Colombie-Britannique, ne contribuent pas à l'édification de la nation», a expliqué la cheffe heiltsuk Marilyn Slett, présidente des Premières Nations côtières.

Un sondage en ligne mené cette semaine par l'Institut Angus Reid indique qu'une majorité des Canadiens interrogés – 59 % – soutiennent un pipeline reliant le nord de l'Alberta à la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique.

Il indique également que le soutien l'emporte sur l'opposition en Colombie-Britannique, avec 56 % en faveur et 33 % contre.

Cependant, 52 % des répondants en Colombie-Britannique ont déclaré que les provinces situées le long du tracé d'un pipeline devraient pouvoir opposer leur veto à un projet, sauf si certaines conditions sont remplies.

Le sondage ayant été réalisé en ligne, aucune marge d'erreur ne peut lui être attribuée.

– Avec des informations de Nick Murray

Lisa Johnson, La Presse Canadienne