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Des gens prêts à passer la nuit à l'extérieur pour rendre hommage à la reine

durée 16h15
14 septembre 2022
La Presse Canadienne, 2022
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2022

LONDRES — Des citoyens déterminés et inébranlables ont rejoint mercredi une file d'attente qui s'étendait déjà sur des kilomètres le long de la rive sud de la Tamise, attendant des heures pour rendre hommage à la reine Élisabeth II, exposée en chapelle ardente au parlement.

Munis de sacs de couchage, de livres et de sacs à dos remplis de nourriture, ces citoyens formaient, à 18 h mercredi, une file d'attente longue de près de quatre kilomètres. Avec en toile de fond le palais de Westminster, de l'autre côté de la Tamise, les gens attendaient patiemment tandis que la file se déroulait lentement devant la grande roue du «London Eye» puis traversait le pont Lambeth, au coeur de Londres, pour se rendre jusqu'au parlement.

Erin Hutchinson, originaire de Guelph, en Ontario, a déclaré qu'elle était prête à rester là toute la nuit si nécessaire. «La reine a toujours fait partie de notre vie en grandissant en tant que Canadiens», a déclaré Mme Hutchinson, qui vit maintenant à Pittsburgh, aux États-Unis. Elle estime qu'il était important de souligner ce moment dans l'histoire et de rendre hommage à la seule reine qu'elle et sa famille aient jamais connue.

L'ambiance dans la longue file était plutôt bon enfant: les gens se présentaient mutuellement, partageaient de la nourriture et proposaient de sortir du rang pour offrir aux autres une tasse de thé. Ceux qui intégraient la file recevaient un bracelet périodiquement contrôlé par la sécurité.

Andrew Villosa a déclaré qu'il avait quitté le berceau de son enfant nouveau-né pour venir faire la file, au nom de sa famille qui, selon lui, ne pouvait pas faire le voyage. «J'espère que ce ne sera pas trop long», a-t-il dit, en jurant toutefois qu'il ne quitterait pas la file, peu importe le temps que cela prendra.

«C'est quelque chose qui aura marqué l'esprit de tout le monde. Ce sera probablement dans les cours d'histoire de nos enfants, donc c'est très important», a-t-il dit.

Alors que les gens étaient prêts à une longue attente, la file semblait ordonnée et progressait à un rythme de marche rapide, une heure après le début de l'exposition du cercueil en chapelle ardente.

Michelle Cozzi, originaire des îles Fidji, a raconté qu'elle était venue honorer la vie de cette reine, empreinte «de dignité, du sens du devoir et du dévouement envers les gens, où qu'ils soient». Mme Cozzi se souvient que petite fille, dans son uniforme d'écolière, agitant un petit drapeau, elle avait salué la reine lors de sa tournée en 1963 dans son pays d'origine. «C'est comme si ça venait boucler la boucle dans mon histoire avec la Couronne», a-t-elle déclaré mercredi.

Du palais de Buckingham au parlement

Un peu plus tôt mercredi, le roi Charles III, ses fils William et Harry ainsi que d'autres membres de la famille royale ont marché derrière le cercueil drapé de l'étendard de la reine, alors qu'il était transporté sur un affût de canon, tiré par des chevaux, du palais de Buckingham jusqu'à Westminster, siège du Parlement britannique.

Les gens massés sur les barricades sortaient leur téléphone et essuyaient parfois une larme, mais observaient généralement un silence respectueux au passage du cortège militaire.

Le cercueil était drapé de l'étendard royal et surmonté de la couronne impériale de l'État – sertie de près de 3000 diamants – et d'un bouquet de fleurs et de plantes, dont des pins du château de Balmoral, en Écosse, où Élisabeth II est morte le 8 septembre à l'âge de 96 ans.

La procession de 38 minutes s'est terminée au célèbre «Westminster Hall» du parlement, où l'archevêque de Canterbury, Justin Welby, a présidé une messe à laquelle assistaient Charles III et d'autres membres de la famille royale.

Les rues aux abords du parcours avaient été fermées des heures avant le passage du cortège afin de limiter l'ampleur de la foule: des centaines de personnes erraient donc dans les rues de Londres, cherchant désespérément à trouver une issue dans ce labyrinthe.

Beverley Gould et sa sœur, Teresa Brouter Khazanchi, font partie des chanceuses qui ont obtenu une place pour voir passer le cortège.

Habillées de la tête aux pieds en vêtements aux couleurs de l'Union Jack, elles étaient là pour assister «à un moment historique». Après avoir pleuré cinq de leurs proches décédés l'année dernière, cela ressemble à une autre perte, ont-elles souligné. «On dirait que c'est quelqu'un de la famille», disait Mme Gould.

Le cercueil de la reine sera exposé en chapelle ardente, jour et nuit, jusqu'au matin de ses funérailles, prévues lundi à l'abbaye de Westminster, voisine du parlement.

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Avec des éléments d'information de l'Associated Press

Morgan Lowrie, La Presse Canadienne