Des médias contestent une ordonnance dans le procès du drame du festival de Vancouver


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Par La Presse Canadienne, 2025
VANCOUVER — Un consortium médiatique conteste une ordonnance de non-publication de preuves présentée lors d'une audience visant à déterminer si l'homme accusé du meurtre de 11 personnes lors du festival Lapu Lapu à Vancouver est apte à subir son procès.
L'ordonnance, appuyée par les procureurs et la défense, stipule que les preuves présentées devant la Cour provinciale de la Colombie-Britannique ne peuvent être publiées avant sa levée ou la fin d'un procès criminel.
Adam Kai-Ji Lo fait face à 11 accusations de meurtre au deuxième degré pour l'attaque à la voiture-bélier d'avril, lorsqu'un VUS a foncé sur la foule durant un festival communautaire philippin.
L'avocat Daniel Coles, représentant le consortium dont fait partie La Presse Canadienne, a soutenu que la levée de l'ordonnance serait dans l'intérêt public, tandis que l'avocate de la Couronne, Michaela Donnelly, et l'avocat de la défense de Lo, Mark Swartz, se sont opposés à la levée ou à la modification de l'interdiction.
M. Coles a déclaré au tribunal que Vancouver «porte désormais le poids de l'attaque à la voiture la plus meurtrière de l'histoire canadienne» et que cette attaque a suscité une attention publique considérable.
Il a soutenu qu'il est essentiel, pour l'intérêt public et le principe de la publicité des débats, de permettre aux médias de couvrir l'affaire, car il est souvent difficile pour le public d'assister au tribunal et la couverture médiatique «comble ce vide».
Il a affirmé que le tribunal doit trouver un équilibre entre le droit de Lo à un procès équitable, la publicité des débats judiciaires et la liberté d'expression.
«Une interdiction de publication appropriée, qui résiste à un examen minutieux en vertu de la Charte, se fait au scalpel et non à la hache, a-t-il soutenu au tribunal mardi. C'est une intrusion minimale.»
M. Coles a soutenu que, la date du procès n'ayant pas encore été fixée, une grande partie des éléments couverts par l'audience sur l'aptitude à témoigner seront oubliés par public d'ici là.
Il a ajouté que le public est déjà au courant de détails, notamment que Lo a eu «d'importantes interactions avec la police en lien avec des problèmes de santé mentale».
«Tout juré potentiel le saurait», a-t-il déclaré au juge, ajoutant que le public était également au courant de son histoire familiale, notamment du meurtre de son frère et de la tentative de suicide de sa mère.
M. Swartz a rejeté cet argument, affirmant que les informations connues du public étaient «très succinctes» et «assez ambiguës».
Il soutient que cette mesure de protection porte atteinte au droit de Lo à un procès équitable et qu'il existe un risque que la publication des détails de l'audience sur l'aptitude à témoigner puisse altérer la crédibilité du jury.
Il a également soutenu qu'il existe un «risque réel» que les détails entendus lors de l'audience sur l'aptitude à témoigner incluent des éléments de preuve jugés irrecevables dans un procès criminel.
Mme Donnelly a acquiescé.
«La question de savoir ce qui sera admissible au procès, par opposition à ce qui sera admissible lors d'une audience d'aptitude, se pose véritablement», a-t-elle déclaré.
Elle a dit au tribunal reconnaître l'importance du principe de la publicité des débats, mais a soutenu que l'interdiction «n'empêche pas la publication à jamais. Elle la retarde simplement.»
«La nécessité de protéger le droit de l'accusé à un procès équitable l'emporte sur les effets négatifs sur le principe de la publicité des débats, et les avantages d'une interdiction provisoire de publication l'emportent sur ses effets négatifs», a-t-elle conclu.
Le mois dernier, Lo a comparu devant un tribunal de Vancouver, où les Drs Robert Lacroix et Rakesh Lamba, psychiatres légistes, ont témoigné à titre d'experts lors de l'audience sur l'aptitude à témoigner.
Leur témoignage ne peut être décrit en raison de l'interdiction, mais leurs noms et fonctions peuvent être divulgués.
Lo, qui a assisté à l'audience de mardi par vidéoconférence, devrait revenir devant le tribunal pour poursuivre l'audience sur son aptitude à témoigner vendredi.
Brieanna Charlebois, La Presse Canadienne