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Deux soeurs qui se disent victimes d'une erreur judiciaire demandent leur libération

durée 12h08
17 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

YORKTON, Sask. — Deux sœurs de la Saskatchewan qui ont passé près de 30 ans en prison pour un meurtre qu'elles soutiennent ne pas avoir commis comparaissent mardi pour obtenir leur libération sous caution pendant le réexamen de leur cause.

Odelia et Nerissa Quewezance avaient été reconnues coupables en 1994 du meurtre au deuxième degré d'Anthony Joseph Dolff, un fermier de 70 ans tué près de Kamsack.

Les avocats de la défense demandent au tribunal que les sœurs obtiennent une libération conditionnelle pendant que leur cause est réexaminée par le ministère fédéral de la Justice. Ottawa, qui a commencé l'examen du dossier l'année dernière, admet qu'il pourrait y avoir une base raisonnable pour conclure à une erreur judiciaire.

Les deux sœurs, issues de la première nation saulteau de Keeseekoose, à Kamsack, ont toujours clamé leur innocence, et une autre personne, qui était mineure à l'époque, a confessé le meurtre.

Un tribunal a récemment annulé une ordonnance de non-publication, ce qui permet aux médias de relater ce qui se passe pendant l'audience de deux jours sur le cautionnement, à Yorkton.

Odelia Quewezance avait obtenu l'année dernière une brève libération pour se rendre à Ottawa afin de réclamer justice. 

«Trente ans, c'est long, avait-elle déclaré aux journalistes. C'est une punition cruelle et inusitée.» Mardi, avant l'audience, elle a déclaré: «Je crois fermement en mes prières et en ma culture. Je suis nerveuse, mais je me sens forte. Je n'ai rien à cacher».

«Système judiciaire raciste»

Odelia Quewezance avait 20 ans et sa sœur 18 lorsque les deux jeunes femmes ont été arrêtées en lien avec la mort par arme blanche du fermier en 1993. La Cour suprême du Canada avait refusé trois ans plus tard d'entendre leur cause en appel.

Leur avocat, James Lockyer, a admis que les deux femmes étaient présentes lorsque M. Dolff a été tué, mais la personne mineure qui a confessé le meurtre a témoigné que les sœurs n'étaient pas impliquées dans le crime.

Odelia, la sœur aînée, a obtenu l'année dernière une libération conditionnelle de jour, assortie de conditions strictes. Mais la cadette, Nerissa, ne l'a pas obtenue: elle est toujours détenue à l'Établissement Fraser Valley pour femmes, en Colombie-Britannique.

«Odelia et Nerissa sont les victimes d'un système judiciaire en proie au racisme et aux préjugés», a estimé lundi dans un communiqué Elmer St. Pierre, chef national du Congrès des peuples autochtones, qui représente les Autochtones hors réserves.

«Le gouvernement de la Saskatchewan a passé 30 ans à refuser la justice à plusieurs reprises aux sœurs, alors maintenant, elles doivent être libérées sous caution immédiatement», a-t-il souhaité.

Lorsque le processus de révision des deux condamnations sera terminé, un rapport et des avis juridiques seront préparés pour le ministre fédéral de la Justice. Le ministre pourrait ensuite ordonner la tenue d'un nouveau procès ou un recours en appel. Mais s'il n'est pas convaincu qu'il y a eu erreur judiciaire, il devrait alors rejeter leur requête en révision.

Les sœurs ont également attribué à David Milgaard le mérite d'avoir défendu leur cause et d'avoir mis sur le coup l'organisme Innocence Canada, un groupe de défense fondé par Me Lockyer, qui représente d'ailleurs les deux femmes.

David Milgaard, décédé l'année dernière, est devenu un ardent défenseur des victimes d'erreur judiciaire après avoir passé 23 ans en prison pour un viol et un meurtre, en 1969, qu'il n'avait pas commis.

Kelly Geraldine Malone, La Presse Canadienne