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Enfants: un congé sans danger des soins intensifs, dit une étude

durée 08h51
7 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Il est possible de renvoyer les enfants directement à la maison au terme d'une hospitalisation à l'unité des soins intensifs sans mettre leur santé en danger, a constaté une chercheuse du CHU Sainte-Justine.

Cette façon de faire permettrait d'optimiser l'utilisation des ressources (souvent insuffisantes) dont dispose le système de santé en évitant des séjours inutiles dans les différents départements, a expliqué la docteure Nadia Roumeliotis.

«Les ressources sont quelque chose d'important, a-t-elle souligné. On a de moins en moins de personnel, on a de moins en moins de lits hospitaliers par 1000 habitants, donc il faut changer avec le temps.»

Les études ont également démontré que le fait d'obtenir un congé directement de l'unité des soins intensifs pour rentrer à la maison permettait de réduire les coûts.

«C'est plus efficient, ça coûte moins cher, d'envoyer les patients directement vers le domicile plutôt que de transitionner une nuit à l'hôpital, a dit la docteure Roumeliotis. Ça fait du sens puisqu'il y a tous les coûts qui sont générés.»

La docteure Roumeliotis et ses collègues ont récemment publié deux études sur le sujet. Ils ont constaté qu'environ un jeune sur quatre rentre directement à la maison après une hospitalisation à l'unité des soins intensifs. Il s'agit habituellement des patients qui étaient un peu moins malades, par exemple ceux qui avaient séjourné aux soins intensifs après une chirurgie sans complications ou pour une crise d'asthme sévère.

Les études ont montré que ces enfants n'étaient pas plus susceptibles de revenir aux urgences ou à l'hôpital dans les deux semaines que ceux qui étaient rentrés chez eux par l'intermédiaire d'une unité de soins.

«Lorsqu'on prend deux groupes similaires, ceux qui rentrent à domicile des soins intensifs et ceux qui vont vers l'étage de façon transitoire, il n'y a pas plus de risques de revenir à l'hôpital dans les 14 jours qui suivent, a dit la docteure Roumeliotis. Donc, le risque de réadmission est d'à peu près 3 % dans les deux groupes.»

Seul bémol: les patients qui revenaient aux urgences après leur congé à la maison de l'unité des soins intensifs étaient plus susceptibles d'avoir à nouveau besoin de soins intensifs.

«Le congé de l'unité des soins intensifs directement à la maison est fréquent; les enfants qui rentrent directement à la maison ont une probabilité comparable de retourner à l'urgence ou d'être hospitalisés que leurs pairs qui (obtiennent leur congé d'un département). La sortie directe à domicile pour les patients appropriés peut accroître l'efficacité des systèmes de soins de santé», écrivent les auteurs de l'étude.

L'ensemble de ces études suggère que, pour certains patients, le retour à domicile directement depuis l'unité des soins intensifs «peut être sûr et efficace, à condition que les familles bénéficient d'un soutien solide et de conseils clairs après la sortie de l'hôpital», a-t-on indiqué par voie de communiqué.

Mais la docteure Roumeliotis ne s'en cache pas: il peut être un peu anxiogène pour un parent de transitionner directement de l'unité des soins intensifs à la maison, de passer d'un environnement où leur enfant est surveillé de près à sa chambre à coucher.

Avec le temps, a-t-elle dit, il deviendra probablement possible de prédire avec une certaine précision quel patient peut être renvoyé directement à la maison et quel patient aurait plutôt besoin d'une nuit de transition ou deux après son séjour à l'unité des soins intensifs.

«Les patients qui ont besoin de rester à l'hôpital vont rester, et ceux qui peuvent transitionner vers le domicile vont transitionner vers le domicile», a-t-elle résumé.

Des entrevues réalisées avec les parents au moment du congé de leur enfant, puis sept et quatorze jours plus tard, avaient montré il y a quelques années qu'ils étaient quand même confortables avec cette façon de faire.

La docteure Roumeliotis entend toutefois approfondir le sujet, «pour s'assurer que les parents et les patients vivent la meilleure expérience, qu'on les prépare, qu'on les outille le mieux possible pour aller vers le domicile», a-t-elle dit.

«La prochaine étape, c'est vraiment de s'assurer qu'ils ont l'éducation, puis la préparation nécessaires», a conclu la chercheuse.

Les conclusions de ces études ont été publiées par le journal Pediatric Critical Care Medicine.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne