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FA: pas besoin d'anticoagulants à long terme, montre une étude

durée 15h15
8 novembre 2025
La Presse Canadienne, 2025
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Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les patients qui ont subi une ablation fructueuse de la fibrillation auriculaire n'ont vraisemblablement plus besoin de prendre des anticoagulants à long terme, montre une étude réalisée par des chercheurs canadiens et publiée par le prestigieux New England Journal of Medicine.

On prescrivait jusqu'à présent à ces patients une anticoagulothérapie qui les suivait parfois pour le reste de leurs jours, dans le but de prévenir d'éventuels accidents vasculaires cérébraux ou encore l'obstruction de vaisseaux sanguins ailleurs dans l'organisme.

La nouvelle étude, qui arrive après des années de travaux, montre que cela n'est pas nécessaire, ce qui risque d'avoir un impact clinique immédiat, a dit le codirecteur de l'étude, le docteur Atul Verma, qui dirige notamment la division de cardiologie au Centre universitaire de santé McGill.

«Nous savons désormais, pour la première fois, qu'une procédure conçue pour traiter la fibrillation auriculaire (...) peut non seulement éliminer l'arythmie, mais aussi réduire le risque d'accident vasculaire cérébral», a-t-il résumé.

La fibrillation auriculaire est la forme la plus courante d'arythmie cardiaque et elle touche des millions de personnes à travers le monde.

La recommandation d'une anticoagulothérapie à long terme a persisté parce qu'on ne savait pas, avant aujourd'hui, si une ablation de la fibrillation auriculaire réduisait réellement le risque d'AVC.

L’essai clinique international OCEAN a donc comparé un groupe de patients prenant un anticoagulant couramment prescrit à un autre prenant de l’aspirine.

Au bout de trois ans, aucune différence importante dans les taux d’AVC et d’embolies n’a été notée entre les deux groupes. Dans les deux cas, les taux étaient extrêmement faibles et même similaires à ceux de personnes n’ayant jamais fait de FA.

«Nous avons également réalisé des imageries par résonance magnétique du cerveau au début de l'étude, puis à nouveau trois ans plus tard, afin de détecter d'éventuels AVC silencieux, a dit le docteur Verma. Nous avons constaté que le taux d'AVC ou d'AVC silencieux chez ces patients était extrêmement faible. Il était si faible que nous n'avons pu détecter aucune différence entre la poursuite du traitement anticoagulant et la prise d'aspirine.»

L'imagerie a même montré que 96 % des patients ne présentaient aucun signe d'AVC silencieux après trois ans, a-t-il complété.

On a de plus noté que le groupe des anticoagulants a eu plus d’épisodes de saignements significatifs que les autres, ce qui vient mettre en lumière les risques associés à ces médicaments lorsqu’ils ne sont pas nécessaires.

Cette étude est la première à démontrer clairement qu’après une ablation réussie, le risque d’AVC est si faible que la plupart des patients peuvent arrêter les anticoagulants, a-t-on assuré par voie de communiqué.

«La première question que posent tous les patients est: 'Puis-je arrêter de prendre cet anticoagulant? J'aime faire du ski, j'aime bricoler dans mon garage, je risque de saigner en prenant ces médicaments, puis-je arrêter de les prendre, s'il vous plaît?' Et aujourd'hui, pour une partie importante de ces patients, je pense que nous pouvons répondre: 'Oui, vous pouvez'», a conclu le docteur Verma.

L'autre codirecteur de l'étude est le docteur David Birnie de l’Institut de cardiologie d’Ottawa. Un autre membre de l'Institut, le professeur George Wells, a coordonné tous les aspects de cette étude à laquelle ont participé 56 centres du Canada, de l'Europe, de la Chine et de l'Australie.

En plus d'être publiées par le NEJM, les conclusions de cette étude ont été dévoilées lors des Séances scientifiques 2025 de l’American Heart Association à La Nouvelle-Orléans, aux États-Unis.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne