Jeremy Hansen savoure chaque moment de sa préparation pour sa mission vers la Lune


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Par La Presse Canadienne, 2025
LONGUEUIL — L’astronaute canadien Jeremy Hansen a passé deux ans et demi à se préparer pour son prochain voyage aller-retour vers la Lune, et il a adoré chaque minute.
«Je sais qu’après le décollage et après le retour, ce que je fais en ce moment va me manquer», a déclaré M. Hansen dans une entrevue la semaine dernière au sujet de la préparation menant à ce voyage de 10 jours qui doit avoir lieu au début de l'année prochaine — si la première fenêtre de lancement s’ouvre en février 2026.
L'astronaute canadien, âgé de 49 ans, de London, en Ontario, participera à la mission d’Artemis II, aux côtés des astronautes vétérans de la NASA: le commandant de la mission Reid Wiseman, le pilote Victor Glover et l'autre spécialiste Christina Koch.
Ce voyage spatial sera le premier vers la lune par des astronautes depuis la dernière mission Apollo en 1972 et la première mission habitée de la sonde Orion. Baptisée «Integrity» par les quatre membres de l’équipage, la capsule s’approchera de la Lune et la contournera avant de revenir sur Terre.
Voici cinq choses à considérer alors que Hansen se prépare à ajouter un autre chapitre dans l’histoire spatiale canadienne.
Opérations condensées
Il s'agit d'un voyage bref, mais dangereux. Si tout se passe comme prévu, l’équipage passera environ 10 jours dans l’espace, bien moins que la moyenne de six mois pour les astronautes sur la Station spatiale internationale, a déclaré M. Wiseman lors d’une récente conférence de presse.
«Quand vous allez à la station spatiale, vous y allez pour six mois de science hardcore», a-t-il affirmé. Le Mission Control Center planifie tout: «Tu te lèves en bon astronaute tous les jours et tu fais ton travail».
Dans la mission Artemis II, il y aura beaucoup d’inconnus. «Il va y avoir beaucoup de stress inattendu, et chaque jour au réveil, nous devrons rester calmes, concentrés et viser l’excellence, sur la mission, tout en s'appuyant les uns sur les autres, dans le respect», a souligné Reid Wiseman.
Mathieu Caron, directeur des astronautes, des sciences de la vie et de la médecine spatiale à l'Agence spatiale canadienne (ASC), à Longueuil, a décrit la mission Artemis II comme étant «très, très condensée». Le calendrier comprend un plan de travail détaillé pour chaque membre d’équipage durant ce séjour spatial de 10 jours.
Espaces restreints et premières
Le quatuor vivra dans la capsule Orion avec un volume habitable de 330 pieds cubes, ce qui, selon la NASA, donne aux astronautes «environ autant d’espace vital que deux camionnettes».
Si la mission est un succès, cela fera de Jeremy Hansen le premier non-Américain à voyager au-delà de l’orbite terrestre basse. Le pilote Victor Glover deviendra le premier astronaute noir à entrer en orbite terrestre basse et Mme Koch la première femme à faire de même.
C’est aussi la première mission de Hansen dans l’espace depuis son recrutement par l'Agence spatiale canadienne en 2009.
Une collègue astronaute canadienne, Jenni Gibbons, âgée de 37 ans, de Calgary, a été choisie en novembre 2023 comme personne de réserve pour remplacer Hansen, si nécessaire, et servira d’astronaute «capcom» — c'est-à-dire l'astronaute qui sert d’intermédiaire entre le centre de contrôle de mission et le vaisseau spatial.
Nourriture avec un petit goût du Canada
Natalie Hirsch, gestionnaire de projet, médecine spatiale opérationnelle à l’ASC, affirme que la nourriture pour la mission Artemis II a été soigneusement planifiée afin de répondre aux besoins des astronautes tout en tenant compte des contraintes d’espace et de poids de la capsule Orion.
L’équipage devra se nourrir à partir de sachet d'aliments déshydratés et de nourriture thermostabilisée, emballée dans une pochette métallique au lieu d’une boîte. La nourriture en conserve est trop lourde pour le voyage, a décidé la NASA.
Cinq produits canadiens seront envoyés à la mission pour que l’équipe puisse les partager : du sirop d’érable pur, un biscuit à l’érable, des bouchées de saumon fumé, du curry de crevettes et du riz, ainsi qu’une céréale de super-grains.
L’exercice reste important
Dans l’espace, l’équipage sera capable d’effectuer à la fois des exercices cardiovasculaires et un entraînement en résistance à l’aide d’un volant, un dispositif compact conçu pour le vaisseau spatial Orion, a souligné Mme Hirsch.
Le commandant de la mission Reid Wiseman a fait une remarque en plaisantant lors d’une récente conférence de presse, à savoir que la capsule sera plus à l'étroit lorsque l'astronaute Jeremy Hansen commencera à faire de l’exercice, étant donné son gabarit de six pieds deux pouces. «Oui, le Canada a obtenu plus que sa juste part du volume sur cette mission», a-t-il plaisanté.
En microgravité, il peut être difficile de maintenir une position stable, a noté M. Wiseman, ajoutant que l’équipage devra être conscient de son entourage lors d'exercices physiques pour maintenir la forme.
Fierté canadienne
Pour Mathieu Caron, l'engouement avant la mission est «palpable dans toute l’agence», dont le siège social est situé dans l'arrondissement Saint-Hubert, à Longueuil. Le fait qu’Artemis II marque une étape monumentale pour l’exploration spatiale canadienne est le point de fierté le plus important.
L'astronaute Jeremy Hansen portera avec lui de petits pendentifs — des demi-lunes avec les pierres de naissance des membres de sa famille, qui appartiennent à sa femme et ses enfants.
Une mission ultérieure, Artemis III, qui fera atterrir des astronautes sur la lune pour la première fois en plus de 50 ans, a été reportée au moins jusqu’à la deuxième moitié de 2027.
La mission Artemis IV sera la première à assembler la station spatiale lunaire Gateway. Le petit avant-poste lunaire qui orbitera autour de la Lune comprendra une contribution canadienne, soit le Canadarm 3.
Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne