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L'armée est inquiète que le Canada ne fasse pas partie du pacte de l'AUKUS

durée 13h39
15 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

OTTAWA — Le haut commandement des Forces armées canadiennes s'inquiète de ne pas avoir accès à des moyens technologiques de dernier cri parce que le Canada ne fait pas partie d'un pacte de sécurité signé par ses plus proches alliés, l'Australie, le Royaume-Uni et les États-Unis.

Le traité trilatéral, aussi connu sous l'acronyme «AUKUS» a été annoncé en septembre 2021. Pour plusieurs, son objectif est de contrebalancer la présence militaire croissante de la Chine dans la région indo-pacifique, là où le Canada a de grands intérêts économiques.

Une grande attention avait été portée au traité lorsque les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé leurs intentions d'équiper l'Australie de sous-marins à propulsion nucléaire.

Mais le commandement des opérations interarmées du Canada (COIC), le vice-amiral Bob Auchterlonie, a indiqué à La Presse Canadienne, que le traité allait plus loin que ça.

«La technologie nucléaire sous-marine existe depuis un certain temps déjà, alors la partager n'est pas si important. C'est plus grave lorsqu'on parle des technologies avancées comme l'intelligence artificielle, l'apprentissage machine ou l'apprentissage automatique quantique. Cela évolue rapidement. On doit faire partie de ces discussions. Pourquoi n'avons-nous pas été inclus?  D'où vient la résistance? Est-ce notre politique? Allons-nous investir? Ce sont des questions qui soulèvent des inquiétudes.»

Le gouvernement fédéral n'a jamais expliqué les raisons pour lesquelles le Canada ne faisait pas partie de l'AUKUS. On ne sait même pas s'il avait été invité à signer le traité. Le cabinet de la ministre de la Défense, Anita Anand, a évité de nouveau de répondre à la question, la semaine dernière.

Daniel Minden, un porte-parole de Mme Anand, a préféré parler de la participation canadienne au groupe des Cinq, une alliance regroupant les services de renseignement du Canada, l'Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni et des États-Unis, à l'OTAN et au NORAD.

«Nous continuons à collaborer avec nos plus proches alliés pour garder les Canadiens en sécurité par l'entremise du groupe des Cinq et de nos partenariats bilatéraux», a écrit M. Minden dans un courriel.

Le haut commissariat de l'Australie et l'ambassade des États-Unis ont déféré les questions à leur capitale respective. Le haut commissariat du Royaume-Uni n'a pas répondu.

Pour certains experts, l'absence du Canada du traité pourrait s'expliquer par la perception qu'il ne soit pas assez dur avec la Chine.

Au cours des derniers mois, le Canada a durci sa position envers la Chine. Il a fermé la porte au géant chinois des télécommunications Huawei pour le développement du réseau 5G au pays, imposé de nouvelles restrictions sur la propriété étrangère pour les minéraux critiques et dévoilé une nouvelle stratégie dans l'Indo-Pacifique.

Le vice-amiral Auchterlonie chante les louanges de cette nouvelle stratégie qui comprend le déploiement d'un plus grand nombre de vaisseaux de guerre et autres actifs militaires dans la région et une plus grande collaboration militaires avec différents pays. 

«Cette stratégie et l'interdiction faite aux entreprises [chinoises] d'investir dans le Nord sont des pas dans la bonne direction pour le Canada. Nous reconnaissons les défis que nous devons relever.»

Les autorités américaines ont longtemps averti le Canada qu'il serait tenu à l'écart des renseignements sensibles si Ottawa n'adoptait pas une position plus forte contre la Chine. C'était notamment le cas pendant le règne de Donald Trump et les tergiversations canadiennes concernant le réseau 5G.

«Je travaille avec nos partenaires du groupe des Cinq. Je n'ai pas constaté de changement quant au partage des renseignements, souligne le vice-amiral Auchterlonie. C'est bon signe.»

L'officier supérieur se dit conscient de l'existence d'une dimension politique à l'absence canadienne de l'AUKUS. Il reconnaît que ce n'est peut-être pas sa place d'exprimer son inquiétude à ce sujet.

«Ce n'est probablement pas mon rôle, mais il faut regarder la vérité en face: quel est mon gagne-pain? Je suis le côté opérationnel des Forces armées. Alors suis-je concerné ? Est-ce que je veux être impliqué avec nos plus proches alliés? Oui! Tout à fait. C'est important étant donné les transferts technologiques en cause. Le Canada doit en faire partie.» 

Lee Berthiaume, La Presse Canadienne