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L'hiver le plus chaud de l'histoire du Canada prendra fin dans quelques heures

durée 04h15
19 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

L'hiver le plus chaud que le Canada ait connu dans son histoire prendra fin tard mardi soir presque partout au pays, sauf sur la côte Est où l’équinoxe de printemps se produira tôt, mercredi matin.

Un hiver aussi doux pourrait avoir des effets considérables sur tout, qu’il s’agisse d’une influence sur les incendies de forêt jusqu'à l'érosion des berges selon ce qu’affirment les climatologues. Il pourrait aussi offrir un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler la saison hivernale dans un avenir pas si lointain, à moins que des mesures ne soient prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Le climatologue principal à Environnement Canada, David Phillips, qualifie l’hiver qui prend fin de saison perdue. Le Canada a facilement battu des records de température élevée cet hiver a relaté M. Phillips qui a fait référence à des données remontant à 1948.

Au cours de ce que l'on appelle l'hiver météorologique, soit la période de trois mois allant de décembre à février, le Canada était 5,2 °C plus chaud que la moyenne et la température a été de 1,1 degré de plus que le précédent record établi en 2009-2010.

Il y a eu des épisodes de conditions hivernales extrêmes partout au Canada, depuis un gel profond en janvier dans les Prairies jusqu'à des chutes de neige massives dans les Maritimes en février. Mais le temps plus chaud que la normale et inhabituel a été largement ressenti dans tout le Canada.

Certaines personnes ont probablement apprécié les réductions de factures de chauffage ou les journées douces périodiques, mais David Phillips affirme que les températures record ont bouleversé le mode de vie hivernal du Canada. Les festivals d’hiver ont été annulés, les stations de ski ont été fermées et la flore et la faune ont émergé prématurément. Les Premières Nations éloignées de l'Ontario et du Manitoba qui dépendent des routes de glace ont décrété l'état d'urgence en raison des mauvaises conditions.

Le patinage extérieur, souvent considéré comme une image typique de la vie hivernale au Canada, a également souffert. La patinoire emblématique du canal Rideau d'Ottawa a été ouverte pendant quelques jours cet hiver, après une fermeture sans précédent pendant toute la saison l'année précédente.

Les experts affirment que les facteurs responsables de la chaleur record de cet hiver sont le phénomène climatique El Niño et le changement climatique d'origine humaine. D’autres facteurs connexes incluent des températures océaniques mondiales record et la chaleur résiduelle du début de 2023.

El Niño, un phénomène naturel qui survient généralement tous les deux à sept ans, a été fort cette année, mais pas le plus fort. L'Organisation météorologique mondiale des Nations Unies a déclaré que son pic était inférieur à celui d'au moins deux autres hivers El Niño, ceux de 1997 et de 2015.

"El Niño a contribué à ces températures records, mais les gaz à effet de serre qui emprisonnent la chaleur en sont sans équivoque le principal responsable", selon la secrétaire générale de l'OMM, Celeste Saulo, dans une mise à jour publiée au début du mois, faisant référence à une série de records mensuels consécutifs de températures mondiales.

Les changements climatiques devraient faire augmenter les températures en hiver plus que toute autre saison au Canada, d’après David Phillips. À son avis, si le monde continue d'émettre des gaz à effet de serre à une échelle normale jusqu'en 2050, sa propre communauté de Barrie, dans le centre de l'Ontario, pourrait connaître régulièrement des hivers aussi chauds que celui-ci vers 2065.

D’autre part, moins de neige au sol lors de la fonte printanière signifie moins d’eau disponible pour irriguer les terres agricoles et reconstituer les réservoirs. La fonte des neiges contribue également à réduire les risques d’incendies de forêt.

Presque tout l'Ouest canadien, le nord de l'Ontario et plusieurs parties du nord du Québec étaient en proie à une sécheresse à la fin du mois de février, selon une récente mise à jour d'Environnement Canada. Certaines parties du sud de l'Alberta et du nord de la Colombie-Britannique ont signalé des conditions généralement observées une fois tous les 50 ans.

"La saison des sécheresses, la saison des incendies de forêt – tout cela est à venir, mais parfois les graines sont semées en hiver", a rappelé le climatologue Phillips.

La couverture de glace des Grands Lacs, qui aide à protéger le littoral de l'érosion lors des tempêtes hivernales, a également atteint un creux historique en février. Les préoccupations en matière d'érosion s'étendent aux zones côtières autour du golfe du Saint-Laurent, y compris à l'Île-du-Prince-Édouard.

Pour sa part, le climatologue Damon Matthews, de l'Université Concordia, signale qu’au Canada, "nous devons nous ressaisir et cesser de nous disputer, en tant que pays, pour savoir si c'est un problème ou une priorité". À son avis, le Canada "n'intensifie pas les efforts comme il le devrait".

Il fait remarquer que le déclin du patinage en plein air est une conséquence, mais que des choses bien pires se produiront si la lutte aux changements climatique n’avance pas.

Jordan Omstead, La Presse Canadienne