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La Colombie-Britannique tentera une dépénalisation pour freiner la crise d'opioïdes

durée 11h17
1 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Par La Presse Canadienne, 2023

VANCOUVER — Alors que la crise d'opioïdes fait des ravages à travers le Canada, une grande partie de l'attention portée aux substances toxiques et illicites s'est déplacée ces dernières années vers les secteurs de la Colombie-Britannique, y compris dans des régions rurales, où des gens succombent toujours massivement à leurs problèmes de toxicomanie.

Pour lutter contre cette épidémie, la province deviendra le 31 janvier la première juridiction du pays à lancer une expérience d'une durée de trois ans sur la dépénalisation, permettant ainsi aux toxicomanes de 18 ans et plus de transporter 2,5 grammes combinés d'opioïdes comme l'héroïne et le fentanyl, ainsi que la cocaïne, la méthamphétamine et la MDMA.

Les dernières données du BC Coroners Service montrent qu'environ 14 000 personnes sont décédées depuis que la province a déclaré une urgence de santé publique en 2016, la plupart des décès étant survenus dans des résidences privées. En 2021, le fentanyl illicite était impliqué dans 87 % des décès.

Les familles dont les proches ont fait une surdose mortelle revendiquent de plus en plus la dépénalisation de petites quantités de drogues à usage personnel afin de réduire la stigmatisation associée à la criminalisation. Elles souhaitent aussi que les gens puissent accéder plus facilement aux services de santé, ce qui pourrait dans certains cas sauver leur vie.

Certains toxicomanes et groupes de défense comme le groupe Moms Stop the Harm, la Coalition canadienne des politiques sur les drogues et le Réseau juridique VIH font partie de ceux qui affirment qu'un seuil cumulatif de 2,5 grammes de drogue n'est pas suffisant pour bon nombre d'individus. Ils soutiennent que ceux qui vivent dans des régions rurales et des communautés éloignées, où les gens achètent souvent de plus grandes quantités de substances lorsqu'ils peuvent accéder au marché illicite.

Mike Serr, coprésident de l'Association canadienne des chefs de police, a déclaré que l'organisation visait un seuil maximal d'un gramme de substances illicites dans le cadre du modèle de décriminalisation de la Colombie-Britannique.

«Nous ne voulons pas voir les trafiquants de drogue ou le crime organisé tirer parti des bonnes intentions de la dépénalisation. [...] Nous souhaitons voir un système qui ne promeut pas la consommation de drogues illicites, mais qui essaie plutôt d'aider les gens et les communautés», a-t-il déclaré.

Former les policiers

M. Serr a souligné qu'il avait aidé à développer une formation qui sera déployée auprès d'environ 9 300 policiers en Colombie-Britannique avant le début de la dépénalisation.

«La formation va inclure tout ce dont ils ont besoin pour comprendre les seuils et le fonctionnement de la dépénalisation, y compris la distribution de cartes de ressources aux individus et dans quelles situations cette mesure est approprié», a-t-il ajouté.

M. Serr a précisé que les cartes que la police distribuerait en Colombie-Britannique seraient uniquement destinées à fournir des informations sur les endroits où les personnes pourraient accéder aux services liés à la toxicomanie et l'itinérance.

Le militant toxicomane Garth Mullins, qui était impliqué dans le processus de planification de la dépénalisation, s'est toutefois positionné contre la distribution de cartes par les forces de l'ordre.

«Je crains que le succès ou l'échec de la dépénalisation ne soit mesuré par le nombre de personnes qui sont allées se faire soigner ou le nombre de personnes qui ont cessé de se droguer, et qu'il soit basé sur des paramètres de santé. Mais il faut vraiment le calculer en fonction de la baisse du nombre d'interactions avec les policiers», a-t-il souligné.

Le ministère de la Santé mentale et des Dépendances a déclaré que la surveillance et l'évaluation continues étaient des éléments essentiels de la demande de la Colombie-Britannique au gouvernement fédéral, approuvée en mai 2022, pour faire face à toute conséquence imprévue et pour s'assurer que les gens ne soient pas recriminalisés.

Le gouvernement fédéral examine actuellement une demande de la ville de Toronto pour mettre en place une expérience similaire, mais la demande n'inclut actuellement aucun seuil pour la quantité transportée.

Camille Bains, La Presse Canadienne