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La Couronne et la défense suggèrent huit mois d'emprisonnement pour Harol LeBel

durée 10h23
26 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

La Couronne et la défense ont tous deux suggéré jeudi que l'ex-député péquiste Harold LeBel purge une peine de huit mois d'emprisonnement pour l'agression sexuelle dont il a été reconnu coupable le 23 novembre dernier. Le juge Serge Francoeur devait rendre sa décision en milieu d'avant-midi.

La suggestion s'accompagne de deux ans de probation, d'une interdiction formelle de communiquer avec la victime, de l'enregistrement de M. LeBel au registre des délinquants sexuels pour 20 ans et de la remise d'un échantillon d'ADN.

«J'ai eu tellement peur»

Avant de présenter la suggestion commune, la procureure de la Couronne, Me Manon Gaudreault, a lu une déclaration d'impact de la victime, dont l'identité est protégée par un interdit de publication. Celle-ci a dit y voir l'occasion de tourner la page et a même fait part de son empathie pour son agresseur «qui devra payer de ses actes, des actes criminels, graves et répréhensibles, certes, mais qui ne définissent pas à eux seuls un individu».

«Je ne suis jamais sentie aussi vulnérable de toute ma vie que cette nuit-là, à Rimouski», a-t-elle écrit. «Comment est-on censé réagir lorsqu'un homme de plus de fois son poids nous agresse contre toute attente. J'ai eu tellement peur.»

«Je ne voudrais pas devenir un trophée»

De son côté, Harold LeBel s'est présenté en personne devant le juge Francoeur, s'exprimant sans notes, affirmant que toute cette affaire était «terrible pour ma carrière, mes valeurs profondes». Disant avoir toujours été proche des groupes qui luttent contre les agressions, il a ajouté que cela «vient me chercher, d'être vu comme quelqu'un qui est un agresseur».

«Je ne voudrais pas devenir un trophée, a-t-il dit. Je veux juste prendre du temps pour moi. Je consulte, je fais ce qu'il faut pour comprendre.»

Me Gaudreault a notamment invoqué dans son argumentaire la décision de la Cour d'appel rendue la veille dans le dossier Simon Houle, décision qui a annulé l'absolution de l'ingénieur, le condamnant à un an de prison.

Dénoncer et dissuader

Selon elle, la nécessité d'envoyer un message de dénonciation et de dissuasion justifie amplement l'emprisonnement.

Parmi les facteurs aggravants, elle a mentionné entre autres le bris de confiance, le fait que l'agression se soit poursuivie et intensifiée malgré le refus répété de la victime. Quant aux facteurs atténuants, elle a invoqué l'absence d'antécédents judiciaires, le fait que M. LeBel ait toujours été un actif pour la société et les excuses et regrets qu'il avait exprimés à l'endroit de la victime.

Les neuf femmes et trois hommes formant le jury n’avaient mis que deux jours à rendre une décision. Ils n’avaient pas cru la version de l’ex-député péquiste concernant les évènements survenus à l’automne 2017 dans son condominium de Rimouski. Celui-ci affirmait n’avoir échangé qu’un baiser consensuel avec la plaignante avant d’aller se coucher à ses côtés et de s’endormir aussitôt puisque son propre lit était occupé par une deuxième femme en visite.

La jeune femme, elle, avait témoigné à l’effet que le baiser en question n’était pas consensuel, que Harold LeBel avait ensuite tenté de dégrafer son soutien-gorge pendant qu’elle allait se réfugier à la salle de bains. Il aurait alors tenté de s’introduire de force dans la salle de bains, mais sans succès.

La plaignante avait ensuite raconté être allée se coucher dans le lit d’invité où Harold LeBel était allé la rejoindre pour se livrer à des attouchements sexuels durant plusieurs heures alors qu’elle était pétrifiée par la peur.

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne