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La province de T.-N.-L. est appelée à révéler le coût de fermeture des pétrolières

durée 19h05
2 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Par La Presse Canadienne, 2024

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Terre-Neuve-et-Labrador doit déterminer combien il en coûtera aux contribuables lorsque les sociétés exploitant les champs pétrolifères extracôtiers de la province décideront de retirer leurs pipelines et de partir, a affirmé Denise Hanrahan, vérificatrice générale de la province.

Mme Hanrahan est chargée d'examiner la manière dont le gouvernement provincial dépense et suit son argent, et elle lui demande depuis 2021 de déterminer combien il pourrait en coûter aux contribuables pour aider les entreprises à couvrir leurs coûts de démantèlement.

Elle a réitéré cette demande dans un rapport publié cette semaine, affirmant que les chiffres devraient être inclus dans la comptabilité de la province.

«Pour nous, c'est une ligne incomplète», a soutenu Mme Hanrahan dans une entrevue. «Il n'est pas rare que nous enregistrions des coûts de démantèlement, c'est une chose assez normale. Et comme nous le savons, à la fin de la vie de ces champs, cela peut être assez important.»

Avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe, la fermeture de l'un ou l'autre des quatre champs pétrolifères pompés au large de la côte est de la province était une considération lointaine. Mais en 2020, Suncor Énergie et Husky Energy, qui a depuis fusionné avec Cenovus, menaçaient de se retirer de leurs champs pétrolifères respectifs, Terra Nova et White Rose.

Les entreprises peuvent déduire les dépassements de coûts de déclassement des redevances qu'elles ont payées à la province. Cela signifie que si les coûts de démantèlement de ces champs pétroliers sont plus élevés que prévu, le gouvernement pourrait devoir rembourser des redevances aux entreprises.

Des documents obtenus par La Presse Canadienne montrent que les responsables estiment qu'il en coûterait aux contribuables environ 157 millions de dollars si Suncor se retirait de son champ Terra Nova en 2020.

La province a créé un «Fonds du futur» en 2022, une réserve pour couvrir les dépenses futures, comprenant le démantèlement des champs pétrolifères. Cette année-là, elle a versé une contribution de 157 millions de dollars au fonds.

Russell Williams, professeur adjoint de sciences politiques à l'Université Memorial, applaudit l'insistance de Mme Hanrahan pour que le gouvernement évalue ses responsabilités en matière de démantèlement. Cette information devrait être rendue publique, a-t-il ajouté.

Il a évoqué l'Alberta, une province en proie à des milliers de puits de pétrole non productifs ou abandonnés, où l'on ne sait pas clairement qui va les nettoyer.

Selon M. Williams, Mme Hanrahan insiste auprès de la province depuis 2021, mais n'a pas encore reçu de réponse satisfaisante.

«Je ne pense pas que le gouvernement veuille nous dire ces chiffres», a-t-il confié lors d'une entrevue. «Et, bien sûr, c'est un problème politique fondamental, n'est-ce pas ? Lorsque viendra le temps de nettoyer ces champs, le ministre sera parti depuis longtemps.»

Mme Hanrahan a confirmé que l'administration provinciale lui avait répété à plusieurs reprises qu'elle n'avait pas fini de calculer les montants qu'elle risque de devoir payer lorsque les quatre champs pétrolifères cesseraient leur production. Selon elle, il est possible que le gouvernement découvre qu'il ne doit rien. Néanmoins, elle a déclaré que le gouvernement devait trouver une solution et lui en faire part.

La Presse Canadienne