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Les Appalaches à la course, de Key West à la Gaspésie: prochain projet de Joan Roch

durée 06h00
2 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — Joan Roch avait couru de Percé à Montréal en 2020. De là est né un projet encore plus grand pour l’ultramarathonien québécois. Il se prépare à courir les quelque 8000 km qui séparent la Floride et de la Gaspésie.  

Le Longueillois prendra son départ de Key West, le point le plus au sud des États-Unis, le 23 février prochain. Il prévoit suivre la chaîne des Appalaches jusqu’à la pointe du «bout du monde», dans le parc national Forillon, au Québec. 

Il espère terminer ce parcours en cinq mois et arriver en Gaspésie à la fin juillet, soit avant son cinquantième anniversaire.  

Avec un total de 7745 km — «mais probablement que je vais me perdre assez pour arriver à 8000 km», avance-t-il — il arpentera notamment le Florida Trail, l’Appalachian Trail et le Sentier international des Appalaches ou GR A1, bien connus des randonneurs. 

En moyenne, M. Roch va parcourir 52 km par jour, une distance qui risque de varier en fonction de la dénivelée et du terrain, certaines sections gaspésiennes étant ardues. 

Ce n’est pourtant pas la Gaspésie qui fait peur à M. Roch, mais… la Floride. 

«C’est plat, il y aura de la chaleur, de l’humidité, ce sera des marécages, indique celui qui n’est jamais allé dans cet État américain. Toutes ces particularités ne rendent pas le tracé rassurant, parce que je n’y connais rien.» 

Et c’est sans mentionner les alligators, qui l’inquiètent plus que les ours noirs. 

M. Roch a l’intention d’effectuer ce long parcours en rando-course rapide, aussi appelée «fast-packing». Il transportera son matériel, réduit au strict minimum pour l’occasion, avec un abri, un duvet et un matelas minimalistes. Il se ravitaillera dans les villes et les villages qui bordent les sentiers.  

L’alimentation est d’ailleurs son principal défi logistique.  

«Il va falloir que je mange 6000 à 8000 calories par jour, et ça, c’est quelque chose que j’ai très mal géré pendant le Percé-Montréal, je n’ai pas assez mangé», rappelle-t-il au sujet de sa course de 1135 km en deux semaines à l’été 2020. 

Il ajoute que, si le corps s’adapte à courir pendant plusieurs semaines ou mois, il ignore comment le sien va réagir.  

«La grande difficulté, c’est qu’il n’y a pas moyen de s’entraîner pour ça. Il faut le faire, car les adaptations se déroulent sur plusieurs semaines», explique-t-il.  

Le tracé a déjà été effectué en six mois et demi par certains randonneurs rapides, précise-t-il. Il espère être l’un des premiers à le faire en courant et arriver au bout, surtout qu’il s’agit de sa première expérience de «fast-packing». 

L’âge n’est pas une limite 

Par ce projet, l’ultramarathonien de 49 ans veut aussi démontrer qu’on peut se lancer dans un projet un peu fou, peu importe son âge.  

«On pourrait croire que je m’entraîne sans arrêt. Oui, je m’entraîne plus que la moyenne, mais je ne suis pas un athlète olympique. J’ai un emploi à temps plein, j’ai trois enfants», souligne celui qui travaille dans l’informatique.  

Il estime que l’atteinte de son niveau a été une longue progression et qu’il est accessible à «n’importe qui qui aime ça et a envie de le faire».  

«Ce n’est clairement pas l’âge qui est un facteur, c’est plus la volonté, la discipline de s’imposer un entraînement chaque jour», indique-t-il.  

Connu également pour la course utilitaire, entre son domicile et son lieu de travail, M. Roch continue de passer son message d’«Ultra-ordinaire», qui est aussi le titre de ses deux livres publiés en 2016 et 2021. 

«Malgré une vie ordinaire, on peut quand même rajouter dans son quotidien de l’extraordinaire, de l’ultra, affirme-t-il. Dans mon cas, c’est de la course à pied, mais peu importe ce qu’on se met en tête d’accomplir.»  

Dans ce projet — qui va lui demander quelques mois de congés sans solde —, M. Roch est épaulé par sa conjointe, l’écrivaine Anne Genest. Elle aussi ultramarathonienne, elle courra avec lui pendant la première semaine en Floride. 

«J’ai tout de suite été allumée par son projet, confie, enthousiaste, Mme Genest. Notre couple fonctionne de cette façon-là […], chacun carbure aux projets.» 

Le couple partagera l’aventure sur les réseaux sociaux, et celle-ci pourrait bien donner lieu à un film documentaire également.  

M. Roch publiera depuis le terrain, tandis que Mme Genest offrira le point de vue inédit depuis la maison, où restent les quatre enfants, âgés de 9 à 15 ans au moment du départ, de leur famille recomposée.  

«Comment se passe l’à-côté? Comment la conjointe le vit, les enfants? Quelle est la dynamique de tout cela?» sont les questions auxquelles Mme Genest tentera de répondre.  

Malgré l’éloignement de la famille, l’aventure sera loin de se dérouler en solitaire. M. Roch espère être accompagné par d’autres coureurs sur certaines portions de son trajet, en plus d’accueillir toute l’aide qu’on pourra lui offrir. 

«Ça va m’aider à continuer», conclut celui qui s’est lancé dans ce défi avant tout par curiosité. 

Johanna Pellus, La Presse Canadienne