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Les habitudes de sommeil varient d'un pays à l'autre, montre une étude

durée 09h00
18 mai 2025
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

MONTRÉAL — Tous les humains n'ont pas besoin de la même quantité de sommeil pour être en santé, révèlent des travaux réalisés à l'Université de la Colombie-Britannique.

Ces résultats vont à l'encontre de la notion populaire que sept ou huit heures de sommeil sont requises pour une bonne santé, et indiquent plutôt que la quantité de sommeil nécessaire dépend essentiellement de la société dans laquelle on existe.

«Nous avons cette curieuse tendance à dire que les courtes durées de sommeil sont mauvaises pour la santé, mais certains pays ont des durées de sommeil beaucoup plus courtes que d'autres, a dit l'auteur de l'étude, le professeur Steven Heine, qui enseigne la psychologie sociale et culturelle à UBC.

«On peut donc se demander si ces pays qui ont des durées de sommeil courtes ont de moins bons résultats en matière de santé. C'est ce que nous avons voulu étudier, et nous avons constaté que non, ces pays n'ont pas de moins bons résultats en matière de santé.»

Les chercheurs ont analysé des données sur le sommeil et la santé colligées auprès de quelque 5000 personnes dans vingt pays.

Au Japon, par exemple, la durée moyenne d'une nuit de sommeil est de 6 heures et 18 minutes, contre 7 heures et 52 minutes en France. Le Canada se faufile entre les deux avec une durée moyenne de 7 heures et 27 minutes.

Plusieurs études ont tracé une association entre une quantité insuffisante de sommeil et des problèmes de santé. Toutefois, les auteurs de cette étude n'ont trouvé aucune preuve que les habitants des pays où on dort moins sont en moins bonne santé.

«Les individus dont la durée de sommeil était plus proche de l'idéal perçu dans leur pays se déclaraient en meilleure santé, écrivent-ils. Les résultats suggèrent que la quantité de sommeil associée à une santé optimale varie d'un pays à l'autre.»

Il n'existe donc pas, a dit le professeur Heine, «de norme universelle à l'échelle de l'espèce (humaine) pour déterminer ce qu'est une bonne nuit de sommeil».

«Nous apprenons de nos cultures ce qu'est une durée de sommeil appropriée et il y a une certaine marge, une marge d'environ une heure et demie entre les cultures qui ont le sommeil le plus court et celles qui ont le sommeil le plus long», a-t-il complété.

Cette étude soulève plus de questions qu'elle n'en règle, a admis le professeur Heine, puisqu'elle suggère que les besoins physiologiques en matière de sommeil sont comblés de différentes manières dans différentes cultures.

Les Japonais, a-t-il souligné, comblent ces besoins tout en dormant soixante minutes de moins chaque nuit que les Canadiens et quatre-vingt-dix minutes de moins que les Français.

Comment cela est possible demeure mystérieux. Les chercheurs espèrent pouvoir mesurer, lors de prochaines études, le temps passé dans chaque stade du sommeil. Possiblement, a dit le professeur Heine, que les Japonais sont en mesure de comprimer tous ces stades à l'intérieur d'un laps de temps plus court.

On ne comprend pas non plus comment notre culture nous enseigne la durée d'une bonne nuit de sommeil. Cela pourrait découler de l'heure habituelle du début de la journée de travail, de l'heure à laquelle la programmation de soirée débute à la télévision ou encore de ce qu'on entend des autres, a dit le professeur Heine.

«On voit bien qu'il y a encore plusieurs choses au sujet du sommeil qu'on ne comprend pas, a-t-il souligné. On voit le sommeil comme un processus entièrement physiologique, mais on dirait bien que ce processus est façonné par notre apprentissage culturel.»

On sait toutefois que l'évolution n'y est pour rien; les Japonais n'ont pas acquis, au fil de l'évolution, une physiologie qui leur permet de rester en santé avec moins de sommeil que les Français.

«Lors d'une autre étude, nous avons vu que des Asiatiques venus étudier ici, à UBC, dormaient comme des Canadiens, a expliqué le professeur Heine. On dirait donc que ce n'est pas racial, mais plutôt culturel.»

Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique Proceedings of the National Academy of Sciences.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne