Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Les inhibiteurs de GLP protégeraient contre la dégénérescence du cerveau

durée 09h40
8 octobre 2025
La Presse Canadienne, 2025
durée

Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2025

MONTRÉAL — Les inhibiteurs de GLP-1 ont réduit l'incidence de démence, d'accident vasculaire cérébral et de mortalité toutes causes confondues chez des patients obèses souffrant de diabète de type 2, lors d'une étude pilotée par des chercheurs taïwanais.

Une association particulièrement prononcée a été constatée chez les individus âgés de plus de 60 ans; chez les femmes, dont le risque de démence est à la base plus élevé; et chez les sujets dont l'indice de masse corporelle oscillait entre 30 et 40.

«Je pense que tout le monde s'entend que si c'est confirmé, ça va être quand même un bénéfice non négligeable», a commenté le docteur Rémi Rabasa-Lhoret, un expert du diabète à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

L'étude a porté sur presque 61 000 adultes souffrant d'obésité et de diabète de type 2. Les participants ont été répartis entre deux groupes, un qui a été traité avec un agoniste des récepteurs du GLP-1 et l'autre avec un médicament contre le diabète.

Au cours d'un suivi de sept ans, les participants traités avec l'inhibiteur de GLP-1 ont présenté un risque plus faible de démence, d'accident vasculaire cérébral ischémique et de mortalités toutes causes confondues. Aucune différence n'a été mesurée en ce qui concerne le risque d'AVC hémorragique ou de maladie de Parkinson.

«Ces résultats suggèrent des bénéfices neuroprotecteurs et cérébrovasculaires potentiels au-delà du contrôle de la glycémie, ce qui justifie d'autres essais pour confirmer ces résultats», peut-on lire dans le journal médical JAMA Network Open.

Il est toutefois extrêmement difficile de déterminer si ces bienfaits sont directement attribuables à la molécule ou plutôt à l'amélioration de la santé générale du patient; en d'autres mots, est-ce qu'on aurait pu obtenir des bienfaits comparables en améliorant la santé du patient sans agoniste du GLP-1?

C'est une question à laquelle on n'a pas de réponse pour le moment, admet le docteur Rabasa-Lhoret, même s'il semble probable que la molécule joue un rôle important. Par exemple, lors d'une étude réalisée avec des patients souffrant de la maladie du foie gras, les chercheurs ont estimé qu'environ la moitié des bienfaits observés étaient attribuables à la molécule utilisée.

Règle générale, il semblerait que ces inhibiteurs agissent sur l'inflammation de faible niveau qui, à la longue, peut causer des dommages importants, a dit le docteur Rabasa-Lhoret.

«C'est peut-être l'inflammation, c'est peut-être une action directe sur des mécanismes, a-t-il énuméré. Mais c'est peut-être aussi le cocktail d'une meilleure pression artérielle, d'un peu moins de gras dans le sang et d'une glycémie un peu meilleure.»

Les auteurs de l'étude abondent dans le même sens. Des études épidémiologiques, écrivent-ils, «ont suggéré que la cooccurrence du diabète de type 2 et de l'obésité peut augmenter le risque de démence par des effets additifs».

«L'inflammation systémique et le stress oxydatif induits par l'obésité, lorsqu'ils sont aggravés par la résistance à l'insuline et le dysfonctionnement mitochondrial dans le diabète de type 2, peuvent accélérer le déclin cognitif et le développement de la démence», ajoutent-ils.

Les études qui témoignent des bienfaits des différents agonistes du GLP-1 se multiplient et on n'a encore probablement rien vu, a dit le docteur Rabasa-Lhoret.

On sait par exemple que la molécule semble aider à réduire la consommation d'alcool, de drogue et de tabac. Une compagnie pharmaceutique aurait de son côté obtenu des résultats intéressants lors du traitement de patients aux stades avancés de la maladie d'Alzheimer. Et d'autres molécules qui entraînent des pertes de poids presque «inquiétantes» sont en développement.

«Le problème c'est que c'est la course aux kilos perdus, alors qu'il faudrait que ce soit la course à l'amélioration de la santé», a conclu le docteur Rabasa-Lhoret.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne