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Les tiques migrent de plus en plus au nord au Québec, et sont plus nombreuses

durée 10h00
3 juin 2023
La Presse Canadienne, 2023
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Temps de lecture   :  

4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

MONTRÉAL — La saison des tiques bat son plein et le nombre de ces acariens continue d’augmenter année après année au Québec. Les tiques gagnent aussi du terrain, en migrant davantage vers le nord. Comment se protéger de leurs piqûres? Des experts l’expliquent. 

Des cas de maladie de Lyme, engendrée par la piqûre d’une tique infectée, ont été répertoriés dans 11 régions de la province.

C’est toutefois en Estrie et en Montérégie où l’on retrouve le plus grand nombre de tiques. En Montérégie, 135 à 150 personnes contractent la maladie de Lyme par année, selon la Direction de santé publique de la région. 

Ces deux secteurs sont les plus touchés, car ce sont ceux qui se trouvent le plus près des États-Unis et de l’Ontario, qui ont connu le phénomène des tiques avant le Québec. 

«Au cours des années, les tiques sont arrivées ici principalement par des oiseaux migrateurs, explique le Dr François Milord, médecin-conseil à la Direction de santé publique de la Montérégie. Et donc, quand elles vont se détacher de l’oiseau, elles sont rendues, par exemple, en Montérégie, et si le climat est favorable, elles vont se multiplier et s’installer.»

Depuis une quinzaine d’années, ces acariens se font de plus en plus nombreux au Québec. 

«Le nombre de tiques est en continuelle augmentation chaque année, principalement pour deux raisons. La première, c’est que les populations de tiques qui sont déjà installées dans un environnement peuvent se densifier, grâce à des facteurs écologiques et climatiques qui sont favorables à leur survie et à leur reproduction», détaille Roxane Pelletier,  conseillère scientifique spécialisée à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

La deuxième raison est la migration des tiques de plus en plus au nord de la province. 

«Avant, on ne voyait pas de population de tiques établie au nord du fleuve Saint-Laurent, mais maintenant on en voit dans certains endroits», affirme Mme Pelletier. 

Depuis 2014, un système de surveillance des tiques a été mis en place au Québec, évoque le Dr Milord, qui dit également voir «une extension du territoire» des acariens au fil des ans. Des tiques sont aussi recensées en Outaouais et dans les régions du Grand Montréal, par exemple. 

La saison des acariens est d’ailleurs plus longue. «Les tiques commencent à être actives dès que la température extérieure atteint quatre degrés Celsius», affirme Roxane Pelletier. 

Les tiques sont actuellement actives du mois d’avril au mois de novembre, alors qu’auparavant, elles l'étaient de mai à octobre. 

Que faire en cas de piqûre?

En cas de piqûre par une tique, il faut d’abord la retirer de sa peau en utilisant un crochet spécialement dédié à cela, ou une pince à fine pointe, pour l’agripper le plus près possible de la peau sans peser sur l’abdomen de l’acarien, ce qui pourrait lui faire sécréter de la salive et augmenter le risque de transmission de la maladie de Lyme, précise Roxane Pelletier. 

Il est aussi possible de conserver la tique dans un petit pot au cas où une consultation avec un médecin serait nécessaire ultérieurement. 

Il est ensuite recommandé de surveiller, dans le mois suivant la piqûre, si la personne concernée développe des symptômes semblables à ceux de la grippe. Le premier indice de la maladie de Lyme correspond à une rougeur sur la peau qui s’étend sur cinq centimètres ou plus, selon la santé publique de la Montérégie. Il faut alors consulter un médecin, puisque la maladie se traite avec un antibiotique. 

«On estime que le risque global de contracter la maladie de Lyme après une piqûre de tique à pattes noires est de 1 à 3 % dans les zones à haut risque», détaille Mme Pelletier. 

Deux conditions sont nécessaires pour contracter la maladie: que la tique soit porteuse de la bactérie, et qu’elle ait été accrochée à la peau d’une personne pendant un minimum de 24 heures. C’est pourquoi il est recommandé de s’observer après chaque activité en plein air pour s’assurer qu’aucune tique ne soit accrochée à sa peau. 

Les pharmaciens peuvent prescrire un antibiotique à titre préventif sous certaines conditions, dont celle que la tique soit restée accrochée à la peau pendant plus de 24 heures.

Mais, il ne faut pas arrêter de faire des activités de plein air en raison des tiques, plaide le Dr François Milord. «Je pense qu’il faut s’habituer à ce risque-là, dit-il. Il faut apprendre les moyens de se protéger des tiques et de retirer la tique si on a été piqué.»

Pour prévenir d’éventuelles piqûres de tiques, il est recommandé de porter des vêtements longs lors des activités à l'extérieur, en remontant ses bas par-dessus ses pantalons. Du répulsif contre les insectes contenant du DEET ou de l’icaridine peut être appliqué sur les parties de la peau exposée. Il est aussi suggéré de demeurer dans les sentiers pédestres dans le cas d'une sortie en forêt. 

Toutefois, il faut se rappeler que les tiques ne se trouvent pas uniquement dans les boisés, mais bien dans les arbustes et les herbes hautes. Ces acariens peuvent donc se trouver dans les champs, les jardins ou une cour arrière, prévient la Direction de santé publique de la Montérégie. 

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Cette dépêche a été rédigée avec l'aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

Coralie Laplante, La Presse Canadienne