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Recherche de courriels en Alberta: des déclarations contradictioires

durée 22h52
27 janvier 2023
La Presse Canadienne, 2023
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4 minutes

Par La Presse Canadienne, 2023

EDMONTON — Une enquête portant sur des courriels afin de savoir si le bureau de la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith, était intervenu auprès des procureurs de la Couronne a pris une tournure confuse vendredi après que deux porte-parole du gouvernement ont fait des déclarations contradictoires qui ont soulevé des questions sur l'étendue de la recherche.

L'enquête a été ordonnée par Mme Smith il y a une semaine pour répondre aux allégations d'un reportage de la CBC qui rapportait qu'un membre du personnel du bureau de la première ministre avait envoyé un courriel aux procureurs l'automne dernier pour remettre en question les décisions et les directives sur les affaires découlant du barrage du poste frontalier de Coutts entre le Canada et les États-Unis.

Le ministère de la Justice a déclaré lundi qu'il avait effectué une recherche de quatre mois sur les courriels entrants, sortants et supprimés et n'avait trouvé aucune preuve de contact.

Deux jours plus tard, le directeur des communications du ministère de la Justice de l'Alberta, Charles Mainville, a déclaré dans un communiqué que les courriels supprimés sont effacés du système après 30 jours, ce qui signifie que la recherche de courriels supprimés n'a peut-être pas couvert toute la période en question.

Jeudi soir, Ethan Lecavalier-Kidney, porte-parole du ministre de la Justice Tyler Shandro, a répondu aux questions sur la déclaration de M. Mainville. Il a indiqué que même si les courriels sont supprimés après 30 jours, ils restent dans le système pendant 30 jours supplémentaires et auraient pu être vérifiés aussi loin par les enquêteurs.

«Par exemple, si un courriel était supprimé le 17 octobre 2022, le courriel ne serait plus accessible à l'utilisateur à partir du 16 novembre 2022, mais continuerait d'être disponible pour notre équipe d'enquête jusqu'au 16 décembre 2022», a illustré M. Lecavalier-Kidney dans son communiqué.

Une recherche de 60 jours aurait remonté jusqu'à la fin novembre, capturant tout sauf les six premières semaines du gouvernement du Parti conservateur uni de Mme Smith.

Danielle Smith a prêté serment en tant que première ministre le 11 octobre.

Mais si la déclaration de M. Lecavalier-Kidney indiquait que les enquêteurs pouvaient remonter jusqu'à 60 jours, elle ne précisait pas qu'ils l'avaient fait, ce qui laissait planer une certaine confusion sur la durée de ce retour en arrière.

Lorsqu'on lui a demandé vendredi de préciser si les enquêteurs avaient reculé de 30 ou 60 jours sur les courriels supprimés, M. Lecavalier-Kidney n'a pas répondu aux questions tandis que M. Mainville a réédité les déclarations originales dans un courriel.

Le gouvernement a également livré des messages contradictoires sur qui a fait l'objet d'une investigation dans le cadre de l'enquête.

Mme Smith a promis que les courriels de tous les procureurs de la Couronne et des 34 membres du personnel de son bureau seraient vérifiés.

Cependant, le ministère de la Justice a déclaré plus tard que les courriels entre les procureurs «pertinents» et les membres du personnel de Mme Smith avaient été vérifiés. Il n'a pas précisé comment il déterminait qui était considéré comme pertinent.

Le barrage de Coutts contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 au passage frontalier l'année dernière ont vu la Gendarmerie royale du Canada (GRC) porter des accusations contre plusieurs personnes, allant du méfait au complot en vue de commettre un meurtre.

Mme Smith a déclaré qu'elle n'avait pas dirigé les procureurs dans les affaires de Coutts et que l'enquête sur les courriers électroniques avait disculpé son bureau de ce qu'elle a qualifié d'allégations «sans fondement» dans l'histoire de la CBC.

La CBC a affirmé qu'elle n'avait pas vu les courriels en question, mais qu'elle maintenait son reportage.

L'opposition néo-démocrate estime que les questions découlant de l'histoire de la CBC, associées à de multiples déclarations contradictoires de la première ministre sur ce qu'elle a dit aux responsables du ministère de la Justice au sujet des cas de COVID-19, ne peuvent être résolues que par une enquête indépendante.

Danielle Smith a donné six versions au cours des dernières semaines de ce qu'elle a dit aux responsables de la justice au sujet des cas de COVID-19.

Mme Smith a déclaré qu'elle avait parlé directement aux procureurs, puis qu'elle n'avait pas parlé directement aux procureurs. Elle a indiqué avoir rappelé aux responsables de la justice les directives générales en matière de poursuites, mais leur a rappelé à d'autres moments de prendre en compte les facteurs propres aux cas de COVID-19. Elle a également suggéré que les conversations étaient en cours, mais aussi qu'elles étaient terminées.

Elle a attribué la confusion à des choix de mots «imprécis».

Mme Smith a longtemps critiqué ouvertement les règles sur le port du masque, sur les rassemblements et la vaccination contre la COVID-19, se demandant si elles étaient nécessaires pour lutter contre la pandémie et les qualifiant de violations intolérables des libertés individuelles.

Elle a également qualifié les personnes non vaccinées contre la COVID-19 de groupe le plus discriminé qu'elle a vu de sa vie.

L'automne dernier, Mme Smith a déclaré que les accusations dans ces affaires étaient fondées sur la politique et qu'elles devaient être ouvertes à des solutions politiques. Mais elle a récemment soutenu qu'il était important de laisser le processus judiciaire se dérouler de manière indépendante.

Dean Bennett, La Presse Canadienne