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Trudeau accuse Furey d’avoir «cédé à la pression politique» sur la taxe carbone

durée 20h24
15 mars 2024
La Presse Canadienne, 2024
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Temps de lecture   :  

3 minutes

Par La Presse Canadienne, 2024

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Les amis dirigeants libéraux du Canada et de Terre-Neuve-et-Labrador se sont disputés cette semaine au sujet de la taxe fédérale sur le carbone à la consommation.

Le premier ministre Justin Trudeau a accusé vendredi le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, de «continuer à céder aux pressions politiques» dans son opposition à une augmentation prévue des coûts du carbone le mois prochain.

«Je pense que les Canadiens de Terre-Neuve-et-Labrador et de partout au pays s'attendent à ce que leurs gouvernements fassent ce qu'il faut», a affirmé M. Trudeau aux journalistes à Montréal.

Il a ajouté que cela inclut le soutien au système de tarification du carbone d'Ottawa, qui, selon le premier ministre, rapporte plus d'argent à la plupart des ménages canadiens sous forme de remises que ce qu'ils paient, ajoutant: «Ce sont des calculs de base».

Le bureau de M. Furey a riposté avec une déclaration peu après les remarques du premier ministre.

«Le premier ministre Furey a toujours été clair sur le fait que la taxe fédérale sur le carbone n'est pas l'instrument approprié pour atténuer le changement climatique à l'heure actuelle, et qu'il continuera à se battre pour les Terre-Neuviens et les Labradoriens», peut-on lire.

Andrew Furey est le seul premier ministre provincial libéral du pays et il vante depuis longtemps ses relations étroites avec Justin Trudeau. Mais il s’oppose au régime fédéral de tarification du carbone depuis au moins l’année dernière.

Le système de tarification, qui consiste en un prélèvement sur les émissions de gaz à effet de serre, comprend une redevance sur tous les achats de plus de 20 types de carburants différents, y compris l'essence. Les frais sont généralement payés par le distributeur, qui répercute ensuite le coût sur les consommateurs.

Les provinces peuvent établir leurs propres stratégies de tarification du carbone, qui doivent être approuvées par le gouvernement canadien, ou elles peuvent utiliser le système de tarification fédéral. Le Québec, par exemple, est exempté de cette taxe parce qu'il utilise un système de plafonnement et d'échange.

Depuis l'année dernière, Terre-Neuve-et-Labrador utilise le plan fédéral, qui devrait passer de 65 $ à 80 $ la tonne le 1er avril.

Mardi, M. Furey a rendu public une lettre qu'il a écrite à M. Trudeau, demandant au premier ministre de mettre fin à l'augmentation, parce que les habitants de la province sont aux prises avec le coût de la vie. Le lendemain, M. Trudeau a déclaré aux journalistes qu’il était facile pour les «politiciens qui pensent à court terme» de s’opposer à la tarification de la pollution par le carbone.

Vendredi, M. Furey a fait à nouveau pression sur M. Trudeau. «Les Canadiens — en particulier dans les zones plus rurales, comme Terre-Neuve-et-Labrador — ne peuvent pas accéder immédiatement à des solutions de rechange telles qu'un véhicule électrique ou un système de transport en commun, indique son communiqué. En outre, les familles sont déjà confrontées à des pressions inflationnistes en ce moment.»

Justin Trudeau a déclaré que les discussions sur le système fédéral de tarification du carbone sont trop souvent dominées par son coût, plutôt que par les rabais qu'il génère pour la majorité des ménages canadiens, dont 80%, a-t-il ajouté, reçoivent plus d'argent en retour qu'ils n'en paient.

Mais M. Furey a déclaré que la remise n'était pas suffisante pour compenser les «coûts indirects et induits de la taxe carbone et de la réglementation sur les carburants propres».

«Le premier ministre Furey croit fermement à l'importance d'atténuer le changement climatique, mais il exhorte le gouvernement fédéral à suspendre pour le moment l'augmentation de la taxe sur le carbone», a déclaré son bureau.

Plusieurs gouvernements provinciaux contre

Les gouvernements de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick, de l'Île-du-Prince-Édouard, de l'Ontario, de l'Alberta et de la Saskatchewan se sont également prononcés sur la hausse imminente du prix du carbone.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a envoyé une lettre au premier ministre Trudeau cette semaine, appelant à une solution différente pour lutter contre le changement climatique et à «annuler la taxe sur le carbone avant que d’autres dommages financiers ne soient causés».

Le premier ministre de l'Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, a également écrit au premier ministre fédéral pour lui dire que la province s'est engagée à réduire les gaz à effet de serre, mais qu'«une période d'inflation soutenue a considérablement augmenté notre coût de la vie».

Dans un communiqué de vendredi, Pierre Poilievre, le chef des conservateurs fédéraux, a qualifié l'opposition de «révolte provinciale». Et lors d'une conférence de presse ce jour-là à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, il a qualifié l'augmentation des prix du 1er avril de «sans cœur et cruelle».

Sarah Smellie, La Presse Canadienne