Un examen de la rétine pourrait permettre de dépister le parkinson


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Par La Presse Canadienne, 2024
MONTRÉAL — Un examen de la rétine pourrait un jour permettre un dépistage précoce de la maladie de Parkinson, ce qui entraînerait une prise en charge d'autant plus hâtive des patients qui en ont besoin, portent à croire des travaux réalisés à l'Université Laval.
Le professeur Martin Lévesque et son équipe ont ainsi constaté que les neurones de la rétine des patients souffrant du parkinson réagissent différemment à des signaux lumineux que ceux de la rétine de patients en santé.
«On a vraiment découvert une signature qui serait spécifique aux patients atteints de parkinson», a résumé M. Lévesque, qui est professeur à la Faculté de médecine de l’Université Laval et chercheur au Centre de recherche CERVO.
Les résultats sont d'autant plus prometteurs qu'ils ont été obtenus en comparant seulement vingt patients ayant reçu un diagnostic de parkinson depuis moins de cinq ans à vingt sujets en santé, a-t-il dit. «On a été agréablement surpris de (...) détecter des différences significatives avec seulement vingt patients».
S'inspirant des travaux de certains de leurs collègues qui avaient utilisé une électrorétinographie pour étudier la schizophrénie et la dépression majeure, les chercheurs ont installé une électrode sur la paupière inférieure de chaque participant et enregistré la réponse de la rétine à une série des flashes d’intensités, de fréquences et de couleurs différentes. Ils ont fait la même chose avec des personnes du même âge, mais en bonne santé.
Les tracés obtenus pour les personnes avec parkinson avaient une signature distincte de celle des personnes du groupe témoin. Des résultats similaires ont été obtenus lors de tests chez des souris transgéniques surexprimant une protéine humaine associée à la maladie de Parkinson.
La rétine est une extension directe du système nerveux central. Elle offre donc une façon non invasive d’explorer le cerveau et une réponse inhabituelle de la rétine à des stimuli lumineux pourrait être indicative d’une pathologie qui touche le cerveau, a-t-on expliqué par voie de communiqué.
En ce moment, le diagnostic final de parkinson ne survient qu'après le décès du patient, lors d'un examen de son cerveau, a ajouté M. Lévesque. Et lorsque le patient consulte son médecin pour la première fois parce que les premiers symptômes neurologiques sont apparus, la maladie est déjà installée et la dégénération irréversible entamée depuis plusieurs années.
«Souvent, quand le patient se rend en clinique pour la première fois, il a déjà perdu une bonne partie de ses neurones dopaminergiques, a dit M. Lévesque. C'est ça qui induit les symptômes moteurs comme les tremblements ou la rigidité musculaire. Et quand ces neurones-là sont perdus, ils ne se remplacent pas.»
La découverte de biomarqueurs permettant de dépister la maladie de manière hâtive serait donc d'une importance cruciale, puisque cela pourrait grandement améliorer le pronostic du patient.
Cette découverte pourrait un jour permettre d'offrir un dépistage de la maladie de Parkinson à toute la population dès l'âge de 50 ans. Elle pourrait aussi mener à une mesure objective de la progression de la maladie ou de la manière dont elle répond aux traitements.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Neurobiology of Disease.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne