Les libéraux sont à la traîne dans les sondages
Les ministres fédéraux minimisent la fronde contre Trudeau
Par La Presse Canadienne
Les ministres fédéraux ont tour à tour minimisé mardi la fronde qui s'organise en coulisses parmi les députés libéraux pour contester le leadership de leur chef, Justin Trudeau, alors que plusieurs dizaines d'entre eux auraient signé une lettre lui demandant de céder sa place.
«L’une des choses que j’aime dans mon caucus – j’ai été élu il y a 20 ans – c’est qu’il regorge d’opinions et que les gens sont invités à les partager», a déclaré le ministre de la Santé, Mark Holland, à son arrivée à la réunion du cabinet.
Comme d'autres, il a expliqué que les discussions difficiles sont saines et bienvenues dans un caucus en santé. M. Trudeau, lui, jouit de son «énorme respect et admiration».
Le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, est quant à lui venu dire qu'à sa connaissance «personne» n'a vu la fameuse lettre, si bien qu'il se demande carrément «si elle existe».
Or, pas plus tard que lundi, son collègue représentant la circonscription de Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard, Sean Casey, a indiqué être l'un des signataires de la fameuse lettre. C'est le seul libéral qui a confirmé publiquement avoir apposé sa signature.
«J'ai beaucoup de respect pour Sean. Il a un point de vue», a rétorqué le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson.
M. Trudeau a l'appui de «la vaste, vaste majorité» du caucus, a renchéri le ministre de l'Environnement, Steven Guilbeault. «Le premier ministre a tout mon appui», a-t-il insisté.
Réagissant à une journaliste l'informant que le député néo-brunswickois Wayne Long aurait également signé la lettre, M. Guilbeault a tenté de le discréditer.
«En tout respect pour le député Long, il ne sollicitera pas un nouveau mandat. Il a déjà pris la parole publiquement dans le passé comme quelqu’un qui n’est pas satisfait de plusieurs des choses que nous avons faites», a-t-il dit.
Le premier ministre s'est fait demander si son leadership est en danger. «Non», a-t-il répondu sans s'arrêter.
«Manque de courage»
Les députés mutins font carrément preuve d'un «manque de courage» en s'exprimant «en coulisses, en cachette», a déploré le ministre de l’Immigration, Marc Miller.
Quant à lui, ils devraient s'exprimer directement devant le premier ministre.
Justement, l'heure de vérité approche alors que, selon plusieurs médias, le groupe de députés se prépare à confronter M. Trudeau lors de la réunion du caucus prévue mercredi matin, ce qui représenterait le défi le plus sérieux à son leadership jusqu'à présent.
La stratégie précise et l'ampleur du mouvement visant à pousser M. Trudeau à démissionner restent floues, bien que certains députés qui se sont confiés à La Presse Canadienne aient mentionné que le nombre d'élus impliqués est important.
Selon le ministre Miller, «chaque minute consacrée à ces bêtises» est perdue, puisqu'elle ne sert pas à mettre l'emphase sur «les politiques destructrices de Pierre Poilievre».
Le ministre du Logement, Sean Fraser, qui «évidemment» appuie M. Trudeau, a justement rappelé à qui sont confrontés les libéraux.
M. Poilievre «fait campagne en promettant de refuser l'accès à la contraception gratuite aux femmes», a-t-il soutenu. Et c'est quelqu'un «qui n'obtiendra même pas une cote de sécurité pour enquêter sur les allégations selon lesquelles ses propres députés se livrent à de l'ingérence étrangère».
Les libéraux sont à la traîne dans les sondages depuis plus d'un an, accusant grosso modo 20 points de retard sur les conservateurs. Le Québec est la seule province où le parti de M. Poilievre ne mène pas dans les intentions de vote. C'est plutôt le Bloc québécois qui y est favori.
- Avec des informations d'Émilie Bergeron
Michel Saba, La Presse Canadienne
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