Le meilleur reportage vaut-il la mort d’un journaliste ?

Par Fadwa Lapierre
L’auteure et journaliste Danielle Laurin sera de passage dans la région le 21 décembre, dans le cadre d’une conférence au Cercle littéraire Françoise-Loranger. Elle y présentera son dernier livre, Promets-moi que tu reviendras vivant, un essai intimiste sur les motivations des journalistes de guerre à partir au front pour informer.
Le meilleur reportage vaut-il la mort d’un journaliste ? C’est la question que Danielle Laurin s’est posée lorsque son conjoint a débuté sa carrière de reporter de guerre. « J’étais totalement en désaccord qu’il s’en aille en zone de guerre. J’étais en colère, j’avais peur qu’il meure. Nous étions sur deux planètes différentes, je ne comprenais pas sa décision. »
Elle a alors réagi en journaliste et décidé de questionner des reporters de guerre pour tenter de comprendre ce qui les incite à mettre leur vie en danger. Quatre ans se sont déroulés avant que ce cheminement prenne vie sur papier.
L’auteure a rencontré 18 journalistes, d’ici et d’ailleurs, qui lui livrent avec émotions leurs visions du métier. On apprend dans ces témoignages les défis, les craintes et les séquelles de ces femmes et de ces hommes qui risquent leur vie pour rapporter l’information.
« Les journalistes ont été hyper honnêtes et généreux, relate Danielle Laurin. C’est rare qu’ils aient la chance de parler de ce qu’ils ressentent. Ils doivent garder l’image du journaliste objectif. En leur parlant de mon désir de comprendre, j’ai fait sauter leur retenue. »
L’écrivaine dénote les points communs qui ressortent de ces rencontres. Les reporters de guerre se sentent portés par la mission d’informer. « Une guerre dont personne ne parle n’existe pas », affirme une des journalistes. Ils ont un besoin d’adrénaline, de se trouver dans des situations extraordinaires, où l’urgence de vivre se fait sentir. Par ailleurs, ils ressentent tous un décalage à leur retour, perdus dans la futilité des revendications des gens d’ici.
Dans Promets-moi que tu reviendras vivant, Danielle Laurin déploie une plume intimiste, en parlant au je, s’adressant directement à son conjoint. « Au départ, je voulais faire un essai traditionnel avec des entretiens journalistiques. Mais le je s’est tout de suite imposé. C’était plus fort que moi, tellement profond et intrinsèque. »
Cette forme d’écriture directe engage le lecteur dans la même réflexion que l’auteure. Plusieurs mères et femmes de soldats se sont d’ailleurs senties interpellées par le sujet et ont lu le livre pour tenter de comprendre le sens de la mission en zone de guerre. Elles partagent avec Danielle Laurin la même peur, celle que leur conjoint ne revienne pas vivant.
La conférence de Danielle Laurin aura lieu à la bibliothèque Armand-Cardinal de Mont-Saint-Hilaire, le 21 décembre à 19 h 30.
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