Quand non-voyant rime avec persévérant

Par Isabelle Laramée
La déficience visuelle, surtout pour un enfant, est un sujet tabou et parfois ignoré. Souvent abordé avec un certain malaise, ce handicap est synonyme de grandes difficultés et de tristesse pour plusieurs personnes. Mais derrière cette ombre se trouve la lumière.
Dans le cadre de la Semaine de la canne blanche, qui se termine le 11 février, une famille de Mont-Saint-Hilaire a bien voulu parler de sa réalité quotidienne. Parents d’un enfant non-voyant, Isabelle Laflamme et Jean-Pierre Doucet ont vu leur vie chamboulée à la suite de la naissance de leur fille Éliane.
« Ce n’est pas comme si notre enfant voyait, indique M. Doucet. Il y a eu un choc à la naissance. Il y a eu aussi le deuil de l’enfant traditionnel qu’on voudrait avoir et qu’on n’a pas eu. »
Viennent ensuite une multitude de deuils au fil du développement de l’enfant. Chaque étape de la croissance emmène de l’incertitude. « On ne sait pas quels seront les autres symptômes associés, souligne-t-il. Pour chaque diagnostic, tout change. »
Atteinte du syndrome de Morsier, la petite Éliane est aujourd’hui âgée de huit ans. Elle est capable de distinguer les ombres, mais durant l’hiver tout se mêle dans le blanc de la neige.
L’apprentissage des gestes du quotidien est plus difficile, mais pas impossible. « Pour acquérir une certaine autonomie, chaque action doit être décortiquée afin qu’elle apprenne par elle-même », explique sa mère Isabelle Laflamme.
Grâce à l’encadrement obtenu de différentes associations, ainsi que de l’école Jacques-Ouellette de Longueuil, seule institution québécoise spécialisée en déficience visuelle, la famille a pu surmonter les épreuves et s’équiper d’outils pour permettre la progression d’Éliane. De plus, les parents ont appris le braille avant son entrée à l’école afin d’être en mesure de bien l’accompagner.
« Il n’y a rien qui limite les enfants non-voyants. Comme parents, on ne doit pas les limiter, mentionne Mme Laflamme. Si on leur donne les moyens et qu’on les encadre bien, ils peuvent réaliser leurs rêves. »
Courage et détermination
Pour le couple Laflamme-Doucet, il est important de favoriser l’intégration d’Éliane au sein d’un environnement traditionnel. « Il faut multiplier les activités dans lesquelles elle côtoie des voyants, car ceci lui permet de développer des habiletés sociales », fait savoir Isabelle Laflamme.
Grâce à son courage et à sa détermination, Éliane pratique maintenant le judo, le chant et le piano. Les enfants comme Éliane, pour qui rien n’est facile, ont une volonté incroyable, selon sa mère. Forts de personnalité et de caractère, les non-voyants affrontent mille et un obstacles qui peuvent sembler insurmontables.
« C’est très gratifiant comme parents car toutes ses réalisations nous apparaissent grandes, dit Mme Laflamme. Nous sommes fiers de notre fille. Les non-voyants ont des forces immenses. Il faut toujours être conscient de l’effort qu’ils mettent. Le miracle que nous pouvons faire, c’est de travailler avec eux. Ils le ressentent et souhaitent alors se dépasser davantage. »