Pénurie de personnel saisonnier dans la région ?

Par Fadwa Lapierre
La réforme du programme fédéral d’assurance-emploi ne préoccupe pas que les pêcheurs madelinots. Les employeurs de la Vallée-du-Richelieu sont aussi inquiets. C'est que les conséquences sur le recrutement et la rétention du personnel pour la saison estivale pourraient faire d'importants dommages.
Yvette (qui préfère ne donner que son prénom) est propriétaire d’un vaste camping dans la région. Elle a perdu deux employés de longue date en raison de la réforme. Ils ont quitté l’entreprise pour un emploi stable, appréhendant les nouvelles mesures en vigueur.
« Je trouve cela regrettable. Ça n’a pas de bon sens, déplore-t-elle. Les employés saisonniers paient de l’assurance-chômage, donc c’est normal qu’ils en reçoivent. Ça prend de l’énergie pour former quelqu’un. Ce n’est pas à notre avantage, on travaille en double. Le gouvernement devrait plutôt concentrer ses efforts sur les prestataires du bien-être social qui sont aptes au travail. »
Pour sa part, la gestionnaire du club de golf Les Arpents verts et du Théâtre des Hirondelles, à Saint-Mathieu-de-Beloeil, engage une cinquantaine d’employés durant la saison estivale. Lyne Drolet craint que les modifications au régime d’assurance-emploi nuisent au recrutement.
« Nous sommes obligés de recommencer année après année pour recruter des employés. Ce sera pire avec la réforme. Les étudiants ne peuvent pas combler tous les postes. Nos employés sont fidèles, mais ils seront obligés d’aller ailleurs, et je ne veux pas les perdre. »
« Ça prend de l’énergie pour former quelqu’un. Ce n’est pas à notre avantage, on travaille en double. Le gouvernement devrait plutôt concentrer ses efforts sur les prestataires du bien-être social qui sont aptes au travail. » Yvette, propriétaire d’un vaste camping
Un problème qu’appréhende aussi le Jean-Baptistois Olivier Bilodeau, propriétaire de Paysages Signés O.B., qui œuvre dans un secteur spécialisé. L’hiver, il doit ranger ses outils.
« La réforme peut m’enlever de la main-d’œuvre et décourager les gens à travailler en aménagement paysager. Ils auront peur d’être mal pris durant l’hiver. Personne ne veut engager quelqu’un pour trois mois, car c’est le temps d’une formation. C’était déjà difficile de trouver des gens compétents et motivés qui vont revenir l’année suivante, je n’ose pas imaginer ce que ce sera près la réforme... »
Des prestataires saisonniers
Selon Emploi-Québec, près de 40 % des prestataires d’assurance-emploi de la MRC de la Vallée-du-Richelieu étaient des prestataires saisonniers en 2009.
« Pour le moment, il n’y a pas d’impact, souligne Daniel Vermeersch, directeur des carrefours jeunesse-emploi de la Vallée-du-Richelieu. C’est trop récent et il y a peu de travailleurs journaliers ici. La politique semble s’attaquer davantage aux régions éloignées. Il y en a malheureusement qui profite du système, mais on ne peut pas rendre tout le monde ''employable''. La majorité de notre clientèle ne reçoit d’ailleurs aucune prestation. »
Selon M. Vermeersch, les effets de la réforme du programme fédéral d’assurance-emploi se feront sentir dans quelques semaines.
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